Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/384

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dont les expressions seront basses, mais dont le coloris méritera d’être admiré. En supposant que les parties de l’art que l’on n’a pas, ne méritent presque point d’attention, on établit, sans être obligé de le dire, qu’il ne nous manque rien pour être un grand maître. On peut dire des artisans ce que Petrone dit des hommes qui possedent de grandes richesses. Tous les hommes veulent que le genre de mérite dont ils sont doüez, soit le genre de mérite le plus important dans la societé. Le lecteur observera que tout ce que je viens de dire ici, je l’ai dit des jugemens generaux que les gens du métier portent sur un ouvrage. Que les peintres soient plus capables que tous ceux qui ne le sont pas de juger du mérite d’un tableau par rapport au coloris, à la régularité du dessein et à quelques autres beautez dans l’éxecution, personne n’en doute et nous le dirons même dans le vingt-septiéme chapitre de cet ouvrage. On voit bien que j’ai parlé seulement ici des peintres et des poëtes qui se trompent de bonne foi. Si je cherchois à rendre leurs décisions suspectes, que