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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/385

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ne pourrois-je pas dire sur les injustices qu’ils commettent tous les jours de propos déliberé, en définissant les ouvrages de leurs concurrens. Dans les autres professions on se contente ordinairement d’être le premier de ses contemporains. En poësie comme en peinture, on a peine à souffrir l’ombre de l’égalité. Cesar consentoit bien d’avoir un égal, mais la plûpart des peintres et des poëtes, aussi altiers que Pompée, ne sçauroient souffrir d’être approchez. Ils veulent que le public croïe voir une grande distance entr’eux et ceux de leurs contemporains qui paroîtront les suivre de plus près. Il est donc rare que les plus grands hommes en ces deux professions veuillent rendre justice même à ceux de leurs concurrens, qui ne font que commencer la carriere, et qui ne peuvent ainsi leur être égalez que dans un temps à venir et encore éloigné. L’on a souvent eu raison de reprocher aux illustres dont je parle, le trait d’amour propre dont Auguste fut accusé ; c’est de s’être choisi dans la personne