Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/465

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des geometres, méthode si propre à découvrir les fautes échappées aux censeurs précedens. Les armes des anciens critiques n’étoient pas aussi acerées que celles des nôtres. Qu’on juge par l’état où sont aujourd’hui les sciences naturelles de combien notre siecle est déja plus éclairé que les siecles de Platon, d’Auguste et de Leon X. La perfection où nous avons porté l’art de raisonner, qui nous a fait faire tant de découvertes dans les sciences naturelles, est une source féconde en nouvelles lumieres. Elles se répandent déja sur les belles lettres, et elles en feront disparoître les vieux préjugez, ainsi qu’elles les ont fait disparoître des sciences naturelles. Ces lumieres se communiqueront encore aux differentes professions de la vie, et déja l’on en apperçoit le crépuscule dans toutes les conditions. Peut-être même que la generation qui suivra immédiatement la nôtre, frappée des fautes énormes d’Homere et de ses compagnons de fortune les dédaignera, ainsi qu’un homme devenu raisonnable dédaigne les contes puériles qui ont fait l’amusement de son enfance. Notre siecle peut être plus sçavant que les siecles illustres qui l’ont précedé ;