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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/468

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ces états par un travail qu’il ne sçauroit plus continuer dès qu’il est réduit dans l’indigence. Que les particuliers se gouvernent comme s’ils devoient avoir leur ennemis pour héritiers, et que la géneration présente se conduise comme si elle devoit être le dernier rejetton du genre humain ; cela n’empêche pas que nous ne raisonnions mieux dans les sciences que n’ont fait tous les hommes qui nous ont précedé. Ils nous auront surpassé, si l’on peut se servir de cette expression, en raison pratique , mais nous les surpassons en raison spéculative . Qu’on juge de la supériorité d’esprit et de raison que nous avons sur les hommes des temps passez, par l’état où sont aujourd’hui les sciences naturelles, et par l’état où elles étoient de leur temps. Il est vrai, repondrai-je, que les sciences naturelles dont on ne sçauroit faire un trop grand cas, et dont on ne sçauroit trop honorer les dépositaires, sont plus parfaites aujourd’hui qu’elles ne l’étoient du temps d’Auguste et de Leon X mais cela ne vient point de ce que nous aïons plus de justesse dans l’esprit, ni que nous sçachions mieux raisonner que les hommes qui vivoient