Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/469

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alors. Cela ne vient point de ce que les esprits aïent été, pour ainsi dire, regenerez. L’unique cause de la perfection des sciences naturelles, ou, pour parler avec précision, l’unique cause qui fait que ces sciences sont moins imparfaites aujourd’hui qu’elles ne l’étoient dans les temps antérieurs, c’est que nous sçavons plus de faits qu’on n’en sçavoit alors. Le temps et le hazard nous ont fait faire depuis quelques siecles une infinité de découvertes où je vais montrer que le raisonnement a eu très-peu de part, et ces découvertes ont mis en évidence la fausseté de plusieurs dogmes philosophiques que nos prédecesseurs substituoient à la verité, que les hommes n’étoient point capables de connoître avant ces découvertes. Voilà, suivant mon opinion, la solution du problême proposé si souvent. Pourquoi nos poëtes et nos orateurs ne surpasseroient-ils pas ceux de l’antiquité, comme il est constant que nos sçavans dans les connoissances naturelles surpassent les physiciens de l’antiquité ? Nous devons au temps tout l’avantage que nous pouvons avoir sur les anciens dans les sciences naturelles.