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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/470

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Il a mis en évidence plusieurs faits que les anciens ignoroient, et ausquels ils substituoient des opinions fausses qui leur faisoient faire cent mauvais raisonnemens. Le même avantage que le temps nous a donné sur les anciens, il le donnera sur nous à nos arrieres neveux. Il suffit qu’un siecle vienne après un autre pour raisonner mieux que lui dans les sciences naturelles, à moins qu’il ne soit arrivé dans la societé un bouleversement assez grand pour éteindre au préjudice des petits-fils, les lumieres qu’avoient leurs ancêtres. Mais, dira-t-on, le raisonnement n’a-t-il pas contribué beaucoup à étendre les nouvelles découvertes. J’en tombe d’accord, aussi je ne nie point que nous ne raisonnions avec justesse. Je nie seulement que nous raisonnions avec plus de justesse que les grecs et les romains, et je me contente de soutenir qu’ils auroient fait un aussi bon usage que nous des veritez capitales que le hazard nous a revelées, pour ainsi dire, s’il lui avoit plû de leur découvrir ces veritez. Je fonde ma supposition sur ce qu’ils ont raisonné aussi-bien que nous sur toutes les choses dont ils ont pû avoir autant de connoissance que nous, et sur ce que