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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/541

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usalem délivrée , charme avec raison tous les françois qui sçavent assez bien la langue italienne pour entendre les originaux sans peine. Pourquoi la même personne qui aura lû six fois les œuvres de Racine ne sçauroit-elle achever la lecture d’une traduction de l’éneïde, quoique ceux qui sçavent le latin aïent lû dix fois le poëme de Virgile, s’ils ont lû trois fois les tragédies du poëte françois ? C’est qu’il est de l’essence de toute traduction, de rendre aussi mal les plus grandes beautez d’un poëme, qu’elle rend fidellement les défauts du plan et des caracteres. S’il est permis de parler ainsi, le mérite des choses est presque toujours identifié avec le mérite de l’expression dans la poësie. Ceux qui lisent pour s’instruire ne perdent que l’agrément du stile de l’historien, quand ils le lisent dans une bonne traduction. Le mérite principal de l’historien ne consiste pas comme celui du poëte à nous toucher. Le stile de l’historien n’est pas la principale chose qui nous interesse dans son ouvrage. Des évenemens importans nous attachent par eux-mêmes, et la verité seule leur donne du pathetique. Le mérite principal de l’histoire est d’enrichir