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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/75

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l’art. L’imitateur servile doit demeurer au-dessous de son modele, parce qu’il joint ses propres défauts aux défauts de celui qu’il imite. D’ailleurs si le maître est homme de génie, il se dégoûte bien-tôt d’enseigner un pareil sujet. Il est au supplice quand il voit que son éleve n’entend qu’avec peine ce qu’il comprenoit d’abord, lorsque lui-même il étoit éleve. On ne trouve rien de nouveau dans les compositions des peintres sans génie, on ne voit rien de singulier dans leurs expressions. Ils sont si stériles qu’après avoir long-temps copié les autres, ils en viennent enfin à se copier eux-mêmes ; et quand on sçait le tableau qu’ils ont promis, on devine la plus grande partie des figures de l’ouvrage. L’habitude d’imiter les autres nous conduit à nous copier nous-mêmes. L’idée de ce que nous avons peint est toûjours plus présente à notre esprit que l’idée de ce qu’ont peint les autres. C’est la premiere qui s’offre aux peintres qui cherchent la composition, et les figures des tableaux qu’ils ont entrepris plûtôt