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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/83

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imposteur, en imitant la main, la maniere de composer et le coloris d’un autre peintre, sous le nom duquel il veut produire son ouvrage. On voit à Bruxelles dans la gallerie du prince De La Tour de grands tableaux d’histoires, faits pour servir de cartons à une tenture de tapisserie, qui représente l’histoire de Turriani de Lombardie, dont descend la maison de La Tour-Taxis. Les premiers tableaux sont de Teniers, qui fit achever les autres par son fils. Rien n’est plus médiocre pour la composition et pour l’expression. M De La Fontaine étoit né certainement avec beaucoup de génie pour la poësie ; mais son talent étoit pour les contes et encore plus pour les fables, qu’il a traitées avec une érudition enjoüée, dont ce genre d’écrire ne paroissoit pas susceptible. Quand La Fontaine voulut faire des comédies, le sifflet du parterre demeura toûjours le plus fort. On sçait la destinée de ses opera. Chaque genre de poësie demande un talent particulier, et la nature ne sçauroit gueres donner un talent éminent à un homme, que ce ne soit à l’exclusion des autres talents. Ainsi, loin d’être surpris que M De La Fontaine ait fait de mauvaises comédies,