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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/84

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il faudroit s’étonner s’il en avoit fait d’excellentes. Si Le Poussin eut colorié aussi-bien que Le Bassan, il ne seroit pas moins admirable parmi les peintres, que Jules Cesar l’est parmi les heros. C’est celui de tous les romains qui feroit le plus d’honneur à l’humanité, s’il avoit été juste. Il est donc également important aux nobles artisans, dont je parle, de connoître à quel genre de poësie et de peinture leurs talens les destinent, et de se borner au genre pour lequel ils sont nez propres. L’art ne sçauroit faire autre chose que de perfectionner l’aptitude ou le talent que nous avons apporté en naissant ; mais l’art ne sçauroit nous donner le talent que la nature nous a refusé. L’art ajoûte beaucoup aux talens naturels, mais c’est quand on étudie un art pour lequel on est né. … etc., dit Quintilien. Tel peintre demeure confondu dans la foule qui seroit au rang des peintres illustres, s’il ne se fût point laissé entraîner par une émulation aveugle, qui lui a fait entreprendre de se rendre habile dans des genres de la