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Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/85

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peinture, pour lesquels il n’étoit point né, et qui lui a fait négliger les genres de la peinture ausquels il étoit propre. Les ouvrages qu’il a tenté de faire sont, si l’on veut, d’une classe supérieure. Mais ne vaut-il pas mieux être un des premiers parmi les païsagistes que le dernier des peintres d’histoire ? Ne vaut-il pas mieux être cité pour un des premiers faiseurs de portraits de son temps, que pour un miserable arrangeur de figures ignobles et estropiées. L’envie d’être reputé un génie universel dégrade bien des artisans : quand il s’agit d’apprétier un artisan en general, on fait autant d’attention à ses ouvrages médiocres qu’à ses bons ouvrages. Il court le risque d’être défini comme l’auteur des premiers. Que de gens seroient de grands auteurs s’ils avoient moins écrit. Si Martial ne nous avoit laissé que les cent épigrammes, que les gens de lettres de toutes nations sçavent communément par cœur, si son livre n’en contenoit pas un plus grand nombre que le livre de Catulle, on ne trouveroit plus une si grande difference entre cet ingénieux chevalier romain et Martial. Du moins jamais bel-esprit n’eut été assez indigné de les voir comparer,