Page:Dumas - Œuvres - 1838, vol.2.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

res ! il était temps. — (Haut) Adieu donc ; Stanson a ses couleurs, il me faut les miennes. — (Détachant la ceinture de Jenny.) Les voici.

TOUS.

Bonne chance !

RICHARD.

Oh ! tout doit me réussir, je suis dans un jour de bonheur !

(Il sort par la porte du fond ; la famille se retire par la porte latérale.)


Séparateur


DEUXIÈME TABLEAU.
Le théâtre représente la place publique de la ville de Darlington ; au fond, la taverne des Armes du roi ; au premier une salle praticable, avec balcon. À gauche du spectateur, la taverne de Marlborough, ayant aussi un balcon saillant ; à droite, les hustings ou gradins adossés aux maisons. En avant des gradins, des tables protégées par des barrières à claire-voie de quatre pieds de haut. La plupart des fenêtres sont garnies de drapeaux, les uns bleus, les autres jaunes.


Scène X.

TOMPSON, RICHARD, habitants, électeurs, peuple, une marchande de rubans bleus, une marchande de rubans jaunes.
(Au moment du changement du décor, la place est déjà couverte d’un assez grand nombre d’habitants portant au chapeau et à la boutonnière des rubans aux couleurs de leur candidat ; ils forment des groupes animés. Dans la salle de la taverne des Armes du roi, on aperçoit Tompson assis à une table, entouré de bourgeois, partisans de Richard. Les uns écrivent, les autres plient des papiers, Tompson remet un paquet de placards à un afficheur qui sort et les pose sur différents points de la place : on y distingue en grosses lettres le nom de Richard. Un afficheur sorti de la taverne de Marlborough en placarde d’autres ou paraîit le nom de Stanson : des curieux se groupent autour des affiches.
UN FERMIER, qui entre, à un électeur bleu qui fait partie d’un groupe.

Pouvez-vous m’enseigner, monsieur, le comité de M. Richard ?

L’ÉLECTEUR.

C’est ici, à la taverne des Armes du roi ; avez-vous des nouvelles ?

LE FERMIER.

Aucunes ; j’arrive, je viens souscrire pour cinquante livres sterling aux frais de l’élection.

L’ÉLECTEUR, aux autres de sa couleur.

Bravo, mes amis, c’est un des nôtres ! Et vous n’avez pas de ruban bleu ? je veux vous en donner un, moi. — (À une marchande de rubans.) Eh ! la marchande, deux aunes de ruban bleu.

LA MARCHANDE.

Allez ailleurs, radical, je n’en vends que de jaunes.

UNE AUTRE MARCHANDE.

Et moi j’en donne des bleus pour rien à ceux qui souscrivent à l’élection de monsieur Richard.

LES ÉLECTEURS BLEUS.

Vive la marchande !

(Ils mettent des rubans au chapeau et à la boutonnière du fermier et le conduisent à la taverne des Armes du roi. — Des groupes d’électeurs bleus se portent à l’entrée d’une rue aboutissant à la place en criant Voilà monsieur Richard ! voilà monsieur Richard ! — Richard entre accompagné de trois commissaires portant ses couleurs ; l’un d’eux tient un registre. Au mouvement qui se fait sur la place, Tompson s’avance sur le balcon.)
TOMPSON.

Eh bien, monsieur Richard, vos visites ?

RICHARD.

La majorité est à moi.

ÉLECTEURS BLEUS.

Vivat !

TOMPSON.

Et monsieur Stanson ?

RICHARD.

Je viens de l’apercevoir terminant sa tournée dans York-Street ; moi, je n’ai plus à voir que les électeurs qui demeurent sur cette place.

TOMPSON.

Le comité n’a pas perdu son temps ; tout est