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barismes et infiniment trop de solécismes, répondait l’abbé Fortier.

Réponse qui laissait mademoiselle Angélique dans le vague le plus affligeant.


IV

de l’influence que peuvent avoir sur la vie d’un homme
un barbarisme et sept solécismes


Ces détails étaient indispensables au lecteur, quelque degré d’intelligence que nous lui supposions, pour qu’il pût bien comprendre toute l’horreur de la position dans laquelle se trouva Pitou une fois hors de l’école.

Un de ses bras pendant, l’autre maintenant son bahut en équilibre sur sa tête, l’oreille encore vibrante des interjections furieuses de l’abbé Fortier, il s’acheminait vers le Pleux dans un recueillement qui n’était rien autre chose que la stupeur portée au plus haut degré.

Enfin, une idée se fit jour dans son esprit, et trois mots, qui renfermaient toute sa pensée, s’échappèrent de ses lèvres :

— Jésus ! ma tante !

En effet, qu’allait dire mademoiselle Angélique Pitou de ce renversement de toutes ses espérances !

Cependant Ange ne connaissait les projets de la vieille fille qu’à la manière dont les chiens fidèles et intelligents connaissent les projets de leur maître, c’est-à-dire par l’inspection de la physionomie. C’est un guide précieux que l’instinct : jamais il ne trompe ; tandis que le raisonnement, tout au contraire, peut être faussé par l’imagination.

Ce qui ressortait des réflexions d’Ange Pitou, et ce qui avait fait jaillir de ses lèvres la lamentable exclamation que nous avons rapportée, c’est qu’Ange Pitou comprenait quel mécontentement ce serait pour la vieille fille, quand elle apprendrait la fatale nouvelle. Or, il connaissait par expérience le résultat d’un mécontentement s’élevant à une puissance incalculée, les résultats devaient atteindre un chiffre incalculable.

Voilà sous quelle effrayante impression Pitou entra dans le Pleux. Il avait mis près d’un quart d’heure à faire le chemin qui menait de la grande porte de l’abbé Fortier à l’entrée de cette rue, et cependant il n’y avait guère qu’un parcours de trois cents pas.

En ce moment l’horloge de l’église sonna une heure.

Il s’aperçut alors que son entretien suprême avec l’abbé, et la lenteur