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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

sa carrière scientifique. Quelque malentendu, sans doute, vint froisser son amour-propre et porter dans son esprit un découragement momentané ; car, loin de continuer ses relations avec l’Académie, on le vit s’éloigner du commerce des savants.

Quoi qu’il en soit, Schéele quitta Stockholm et se rendit à Upsal, où Bergman professait alors la Chimie avec un si grand éclat. Cet homme célèbre remplissait alors l’Europe de son nom, et sa haute réputation était dignement méritée. Schéele avait-il l’intention de se mettre en rapport avec lui ? C’est possible ; mais, soit timidité, soit humeur inquiète, il passa quelque temps à Upsal sans tenter la moindre démarche, se montrant plus que jamais ami de la retraite et de la solitude. Ces deux hommes, si bien faits pour se connaître et s’apprécier, auraient donc pu rester longtemps séparés ; un hasard heureux les rapprocha : c’est peut-être le seul dont Schéele ait eu à se féliciter.

Il était employé par un pharmacien qui fournissait à Bergman les produits chimiques nécessaires à ses travaux. Celui-ci, ayant un jour besoin de salpêtre, en fait prendre chez ce pharmacien, l’emploie à l’usage auquel il le destinait et détermine la production d’abondantes vapeurs rouges, formées, comme on sait, par l’acide hypoazotique, mais qui dans son opinion n’auraient pas dû se dégager dans les