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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/104

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Puis, passant du jardin à la rue, il vit l’homme qui semblait attendre courir parallèlement dans la rue, et se placer derrière l’angle même près duquel Caderousse allait descendre.

Caderousse monta lentement sur l’échelle, et, arrivé aux derniers échelons, passa sa tête par-dessus le chaperon pour s’assurer que la rue était bien solitaire.

On ne voyait personne, on n’entendait aucun bruit.

Une heure sonna aux Invalides.

Alors Caderousse se mit à cheval sur le perron, et, tirant à lui son échelle, la passa par-dessus le mur, puis il se mit en devoir de descendre, ou plutôt de se laisser glisser le long des deux montants, manœuvre qu’il opéra avec une adresse qui prouva l’habitude qu’il avait de cet exercice.

Mais, une fois lancé sur la pente, il ne put s’arrêter. Vainement il vit un homme s’élancer dans l’ombre au moment où il était à moitié chemin ; vainement il vit un bras se lever au moment où il touchait la terre ; avant qu’il eût pu se mettre en défense, ce bras le frappa si furieusement dans le dos, qu’il lâcha l’échelle en criant :

— Au secours !

Un second coup lui arriva presque aussitôt dans le flanc, et il tomba en criant :

— Au meurtre !

Enfin, comme il se roulait sur la terre, son adversaire le saisit aux cheveux et lui porta un troisième coup dans la poitrine.

Cette fois Caderousse voulut crier encore, mais il ne put pousser qu’un gémissement, et laissa couler en gémissant les trois ruisseaux de sang qui sortaient de ses trois blessures.

L’assassin, voyant qu’il ne criait plus, lui souleva la