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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


CXXI


L’Arsenal. — La maison de Nodier. — Profil du maître. — Le congrès des bibliophiles. — Les trois chandelles. — Debureau. — Mademoiselle Mars et Merlin. — La famille de Nodier. — Ses amis. — Dans quelles maisons j’ai de l’esprit. — Le salon de l’Arsenal. — Comment Nodier racontait. — Le bal et la bassinoire.

J’ai dit que je reviendrais à Nodier, et je tiens parole.

Après le service que Nodier m’avait rendu en m’ouvrant les portes du Théâtre-Français, j’allai remercier Nodier.

Nodier fit mieux cette seconde fois qu’il n’avait fait la première, il m’ouvrit les portes de l’Arsenal.

Et qu’on ne s’effraye pas du mot, qu’on ne croie pas qu’il s’agit de quelque collection d’armes, de quelque musée d’artillerie ; les portes de l’Arsenal, c’étaient les portes de la maison de Charles Nodier.

Tout le monde connaît ce grand bâtiment sombre faisant suite au quai des Célestins, adossé à la rue de Morland et dominant la rivière, que l’on appelle l’Arsenal !

C’est là que demeurait Nodier.

Comment, un jour que Paris se préparait à la guerre, s’éleva cette lourde bâtisse, sur un emplacement que l’on appelait le Champ-au-Plâtre ; comment, la lourde bâtisse élevée, François Ier y fit fondre les canons dont on se servit si malheureusement à Pavie ; comment, manquant de terrain, il emprunta une grange à sa bonne ville de Paris, en promettant de la lui rendre ; comment, cette première grange empruntée, il en emprunta une seconde, puis une troisième ; comment enfin, en vertu de cet axiome : « Ce qui est bon à prendre est bon à garder, » il garda les trois granges empruntées ; — c’est ce que nous raconterons quand, à la suite de nos impressions de voyage en Europe, en Asie et en Afrique, viendront nos impressions de voyage dans Paris ; mais c’est ce qui, dans ces simples mémoires, nous entraînerait beaucoup trop loin. Ces