Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/280

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de respect aux initiés, si nous en croyons Sanchoniaton.

Les docteurs hébreux eux-mêmes, ainsi que les docteurs chrétiens, conviennent que les livres attribués à Moïse sont écrits dans le style allégorique ; qu’ils renferment souvent un sens tout autre que celui que la lettre présente, et que l’on prendrait des idées fausses et absurdes de la Divinité si l’on s’arrêtait à l’écorce qui couvre la science sacrée. C’est surtout dans le premier et le second chapitre de la Genèse qu’ils ont reconnu un sens caché et allégorique, dont, disent-ils, on doit bien se garder de donner l’interprétation au vulgaire. Voici ce que dit Maimonide, le plus savant des rabbins.

« On ne doit pas entendre ni prendre à la lettre ce qui est écrit dans les livres de la création, ni en avoir les idées qu’en a le commun des hommes, autrement nos anciens sages ne nous auraient pas recommandé avec autant de soin d’en cacher le sens, et de ne point lever le voile allégorique qui cache les vérités qu’il contient. Pris à la lettre, cet ouvrage donne les idées les plus absurdes et les plus extravagantes de la Divinité. Quiconque en devinera le vrai sens doit bien se garder de le divulguer. C’est une maxime que nous répètent tous nos sages, surtout pour l’intelligence de l’œuvre des six jours. Il est possible que, par soi-même ou à l’aide des lumières d’autrui, quelqu’un vienne à bout d’en deviner le sens : alors il doit se taire, ou s’il en parle, il ne doit en parler qu’obscurément, comme