Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/281

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« je fais moi-même, laissant le reste à deviner à ceux qui peuvent m’entendre. » Maimonide ajoute que ce génie énigmatique n’était pas particulier à Moïse et aux docteurs juifs, mais qu’il leur était commun avec tous les sages de l’antiquité, et il a raison, au moins s’il entend parler des Orientaux.

Philon, écrivain juif, pensait de même sur le caractère des livres sacrés des Hébreux. Il a fait deux Traités particuliers, intitulés des Allégories ; et il rappelle au sens allégorique l’arbre de vie, les fleuves du Paradis et les autres fictions de la Genèse. Quoiqu’il n’ait pas été heureux dans ses explications, il n’en a pas moins aperçu qu’il serait absurde de prendre ces récits à la lettre. C’est une chose avouée de tous ceux qui connaissent un peu les Écritures, dit Origène, que tout y est enveloppé sous le voile de l’énigme et de la parabole. Ce docteur et tous ses disciples regardaient en particulier comme une allégorie toute l’histoire d’Adam et d’Ève, et la fable du Paradis terrestre.

Augustin, dans sa Cité de Dieu, convient que bien des gens voyaient dans l’aventure d’Ève et du Serpent, ainsi que dans le Paradis terrestre, une fiction allégorique. Ce docteur, après avoir apporté plusieurs explications qu’on en donnait, et qui étaient tirées de la morale, ajoute qu’on pouvait en trouver de meilleures encore ; qu’il ne s’y oppose pas, pourvu toutefois, dit-il, qu’on y voie aussi une histoire réelle.

Je ne sais comment Augustin peut concilier la Fa-