Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/282

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ble avec l’Histoire, une fiction allégorique avec un fait réel. S’il tient à cette réalité, au risque d’être inconséquent, c’est qu’il fût tombé dans une contradiction plus grande encore, savoir : de reconnaître la mission réelle de Christ, réparateur du péché du premier homme, et de ne voir dans les deux premiers chapitres de la Genèse, qu’une simple allégorie. Comme il voulait que la réparation du mal par Christ fût un fait historique, il fallait bien que l’aventure d’Adam, d’Ève et du Serpent fût un fait également historique ; car l’une est liée essentiellement à l’autre. Mais d’un autre côté, l’invraisemblance de ce roman lui arrache un aveu précieux, celui du besoin de recourir à l’explication allégorique, pour sauver tant d’absurdités. On peut même dire avec Beausobre, qu’Augustin abandonne en quelque sorte le Vieux Testament aux Manichéens, qui s’inscrivaient en faux contre les trois premiers chapitres de la Genèse, et qu’il avoue qu’il n’y a pas moyen d’en conserver le sens littéral sans blesser la piété, sans attribuer à Dieu des choses indignes ; qu’il faut absolument, pour l’honneur de Moïse et de son histoire, recourir à l’allégorie. En effet, quel homme de bon sens, dit Origène, se persuadera jamais qu’il y ait eu un premier, un second, un troisième jour, et que ces jours-là aient eu chacun leur soir et leur matin, sans qu’il y eût encore ni Soleil, ni Lune, ni Étoiles ? Quel homme assez simple pour croire que Dieu, faisant le personnage de jardinier, ait planté un jardin en Orient ? Que l’arbre de vie fût un arbre