Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/347

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tème des spiritualistes est calqué tout entier sur celui des matérialistes ; qu’il est né après lui, et qu’il en a emprunté toutes les divisions pour créer la chimère d’un dieu et d’un Monde purement intellectuel. Les hommes ont contemplé la lumière visible avant d’imaginer une lumière invisible ; ils ont adoré le Soleil, qui frappe leurs yeux, avant de créer par abstraction un Soleil intellectuel ; ils ont admis un Monde, Dieu unique, avant de placer la Divinité dans l’unité même du grand Être qui renfermait tout en lui. Mais depuis on a raisonné sur ce Monde factice de la même manière que les Anciens avaient fait sur le Monde réel, et le dieu intellectuel eut aussi son principe d’intelligence et son principe de vie également intellectuel, d’où l’on fit émaner la vie et l’intelligence qui se manifestent dans le Monde visible. Il y eut aussi un Soleil intellectuel, dont le Soleil visible n’était que l’image ; une lumière incorporelle, dont la lumière de ce Monde était une émanation toute corporelle ; enfin, un Verbe incorporel, et un Verbe revêtu d’un corps, et rendu sensible à l’homme. Ce corps était la substance corporelle du Soleil, au-dessus de laquelle on plaçait la lumière incréée et intellectuelle, ou le logos intellectuel. C’est ce raffinement de la philosophie platonicienne qui a fourni à l’auteur de l’Évangile de Jean, le seul morceau théologique qui se trouve dans les Évangiles. « Le Verbe prit un corps ; il habita parmi nous, et nous avons vu sa gloire : c’est celle du fils unique du père. »

Ce dernier Verbe ou cette lumière incorporée dans