Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/91

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le regarda cette fois, curieuse de voir comment il allait prendre la révélation.

Joachim et le marquis se craignaient réciproquement. Ils avaient fréquenté les mêmes salles d’armes, et se savaient forts à l’épée tous deux. Mais ce ne fut pas là ce qui détourna M. du Quesnoy de croire aux paroles de Rose. Il était instinctivement certain que sa femme avait une vive antipathie pour le marquis, et que quand même celui-ci aurait envoyé les fleurs, il n’y avait point de conséquence fâcheuse à redouter. Néanmoins cette tentative du marquis était une injure pour lui, si elle était vraie. Et comme il arrive souvent, se sentant assailli d’ennuis, il reporta sa colère sur la source immédiate de ses ennuis, c’est-à-dire sur Rose.

— Oh ! vous mettez vraiment une insistance désagréable à inventer ces contes qui me déplaisent, dit-il avec humeur ; je vous en prie, cherchons des sujets plus réels et plus gais.

— N’en croyez rien, si bon vous semble, reprit vertement Rose, mais je ne puis vous consulter sur le choix de mes conversations. Décidément, le matin, vous êtes brutal.

Elle reprit son attitude renversée, et son pied vivement agité marqua la mesure de sa vexation.

Il y eut de nouveau un long silence. Chacun d’eux récapitulait les défauts de l’autre. Mauvaise grâce, mauvaise foi, méchanceté, manque de délicatesse, égoïsme masculin, personnalité féminine, présomption, insensibilité.

Joachim se lassa le premier. Il aurait eu besoin d’être