Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/128

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avec lui dans son voyage au Thibet et dont il raconte de si plaisantes aventures. Aujourd’hui Sandachiemba vit à Pékin ; c’est là que nous l’avons pris. Depuis le temps où il servait de compagnon au père Huc, Sandachiemba, qui se ressent des fatigues de nombreux voyages, a passablement vieilli ; il n’en est pas moins demeuré un homme de joyeuse humeur, ne dédaignant point de temps en temps les libations. Il est pour nous une source d’amusement continuel. Au physique et au moral, c’est un vrai Mongol ; ses traits sont accentués, sa moustache rude ; il porte longue robe et calotte de feutre gris. Il a peu d’idées, mais tient énormément à celles qu’il a, est rusé, quoique naïf, et, quand il se trouve dans une position embarrassante, sait se tirer d’affaire par un rire bonhomme qui désarme toute colère. Le père Huc, de lama qu’il était, l’a converti au catholicisme, et il y a longtemps qu’il ne porte plus la robe jaune du lama ; on n’en continue pas moins à l’appeler le lama, c’est le seul nom sous lequel on le connaisse au milieu de nous. Quand je dis que Sandachiemba nous sert d’interprète, je veux dire qu’il traduit à notre interprète chinois, du mongol en chinois, ce que celui-ci nous traduira ensuite du chinois en français.