Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/129

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C’est assez dire ce que peuvent etre certaines conversations.

Le cinquième jour après notre départ de Dolanor, nous retrouvons la grande muraille au-dessus de Kalgan. L’immense plateau qui constitue la Mongolie manque ici tout d’un coup et se dérobe absolument sous les pieds, et quand on regarde la Chine, on l’aperçoit dans un bas, de même que du sommet d’une haute falaise on aperçoit la mer. La grande muraille, au point où nous la rencontrons, est bâtie sur le rebord même du plateau ; elle est en ruine et ne forme plus qu’une sorte de bourrelet de débris ; seules ses tours sont encore en partie debout.

Si l’on se place près des tours dans une position dominante, on a une vue des plus extraordinaires. D’un côté, on découvre la Mongolie avec ses plateaux vides, secs, âpres, sentant le froid ; de l’autre, vers la Chine, on a sous les yeux des vallées avec de nombreux villages et des plaines cultivées, chauffées par un soleil bienfaisant. C’est comme si l’on passait en un instant de la contemplation des régions polaires à celle de la zone tempérée. On comprend ici quel est l’attrait qui a poussé les Mongols à quitter leur pays pour envahir la Chine : c’est l’attrait que