Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/160

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majeur, dans la famille chinoise personne n’a de droits en face du père.

Une autre pierre de touche pour juger le degré de civilisation d’un peuple est la condition de la femme dans son sein ; or en Chine cette condition est à tous égards demeurée inférieure. La femme chinoise ne prend aucune part à l’activité de la vie extérieure ; la libre communication entre les personnes des deux sexes, qui fait qu’en Europe la vie du monde, les plaisirs, les exercices du culte leur sont communs, est ici chose inconnue : les deux sexes vivent séparés, la femme reste à la maison, dans l’ombre, tenue cachée. La femme n’existe ici en face de l’homme qu’à l’état d’être soumis. La jeune fille qui devient épouse passe de sa famille dans celle du mari sans que sa volonté ait à intervenir, elle est cédée ou vendue par le père au mari, sans droit à être consultée, sans recours aucun. Mariée, si comme épouse légitime elle ne peut voir une seconde femme occuper dans la maison un rang absolument égal au sien, elle n’a cependant point conquis le droit d’être l’unique compagne du mari, qui pourra prendre, ouvertement et à son choix, une ou plusieurs concubines s’il est de condition commune,