Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/161

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et un nombre infini s’il est le souverain. Ajoutez enfin que, parmi toutes les marques de servitude infligées en tant de lieux à la femme, il n’en est point qui dépassent en horreur celle qu’elle subit en Chine par la déformation des pieds. La femme chinoise avec ses petits pieds est un être mutilé et rendu infirme pour donner satisfaction aux goûts de l’homme ou aider à ses plaisirs.

Si maintenant, nous plaçant sur le terrain de la littérature, nous cherchions à vérifier l’opinion que nous nous sommes formée de la Chine en étudiant ses institutions, nous verrions que l’esprit chinois n’a guère dépassé les premières étapes de la grande culture intellectuelle, et que les assises sur lesquelles reposent les conceptions philosophiques, politiques et scientifiques d’un ordre élevé n’ont même jamais été posées par lui. Mais alors naît un problème plus étendu. Il ne s’agit plus seulement de mesurer le degré de développement atteint par l’intelligence chinoise, mais de reconnaître quelle est en soi sa valeur même. Le Chinois a-t-il les mêmes facultés que l’Européen ? L’homme de race jaune a-t-il la même nature d’esprit que l’homme de race blanche, ou bien diffère-t-il de lui profondément ?