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Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/168

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de chemise flottante. Autrement les gens au repos dans la maison ou les marchands attendant le chaland n’ajoutent au pantalon que l’éventail qu’ils ont à la main pour se rafraîchir. C’est plaisir que de voir avec quelle superbe les marchands, du fond de leur boutique, étalent aux yeux leur torse nu bien nourri et leur ventre gros et gras. Le type du poussah et du magot à la panse débordante et à la face épanouie n’est point sorti du rêve ou de l’imagination ; pour le trouver, l’artiste chinois n’a eu qu’à se placer en face du premier boutiquier de Canton venu, assis l’été à son comptoir.

Canton se dédouble comme en deux parts : la ville de terre et la ville du fleuve. Les Chinois, à Canton, ont trouvé moyen de résider aussi bien sur l’eau que sur la terre ferme. Un peuple entier vit et pullule dans des bateaux de toute forme. Il y a le grand bateau à fleurs, sédentaire et immobile, qui sert de café et de restaurant et sur lequel on voit le soir de joyeux compagnons souper au son de la musique et en compagnie féminine ; puis vient le bateau de luxe de moindre dimension, pour les promenades sur le fleuve. Il y a encore les grandes jonques avec château à l’arrière, employées pour