Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/263

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peut-être été souillé par les lèvres d’un homme de basse caste, est la chose dont un homme de haute caste se gardera avec le plus grand soin.

De même pour le manger. Pour rien au monde les gens de certaines castes ne mangeraient avec ceux de certaines autres, et surtout avec nous. Nos charretiers, quand nous faisons halte au milieu du jour, à l’ombre de grands arbres, selon la coutume hindoue, font généralement cuire leur riz le plus loin possible de nous. Nous avions cru d’abord que c’était par respect ; nous nous sommes enfin aperçus que c’était pour éviter notre contact. Un jour que nous leur avons envoyé de notre meilleur carry, ils l’ont absolument repoussé pour ne point se souiller en portant les lèvres à un riz préparé par nous.

Aucune différence ne s’accuse à première vue entre les hommes des diverses castes. Tout le monde va aussi peu couvert que possible. Le seul vêtement obligé est pour chacun une pièce d’étoffe blanche qui se noue autour des reins et qui, pour les plus pauvres, ne dépasse guère les dimensions de la feuille de vigne. Les brahmanes ne sont pas autrement vêtus que les autres. On finit cependant par