Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/304

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sculpture ne contribue guère à embellir les édifices ; elle est du dernier ordre et n’a aucun mérite ni d’exécution ni d’expression. Il faut dire aussi que les sujets à reproduire sont en dehors des données du goût et de l’art. Tous ces dieux hindous sont des êtres disgracieux et difformes, fruit d’une imagination déréglée. Ce Ganésa avec sa tête et sa trompe d’éléphant, ce Siva avec ses bras multiples, représentent pour la sculpture des créations auxquelles il est impossible de trouver une forme heureuse. On ne voit donc rien de comparable, chez les brahmanes, aux statues magistrales que les bouddhistes ont sculptées en tant de lieux ; mais aussi les bouddhistes on su éviter le monstrueux, ils se sont tenus sur le terrain purement humain pour idéaliser la forme humaine.

Nous n’avons, du reste, qu’à aller tout à côté, à Sarnath, pour voir ressortir la supériorité de l’art bouddhique. Les brahmanes n’ont pas toujours régné à Bénarès : il y a eu une époque où la ville a été convertie au bouddhisme et lui a appartenu. Les bouddhistes, après un temps, ont disparu de Bénarès comme de toute l’Inde, et les brahmanes ont repris leur ancienne place. Il est cependant resté un monu-