Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/324

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Orientaux n’ont point de meubles ; lorsque, sous l’influence européenne qui les domine de plus en plus, ils veulent meubler leurs palais à notre manière, ils se trouvent sans tradition pour le faire avec goût ; alors ils entassent pêle-mêle tout ce qui a du clinquant et qui tire l’œil. Ici, du plafond de la salle, pendent de grands lustres, verts, roses et blancs en verre de Bohême ; ces lustres se touchent tous ; à cela on a ajouté des chandeliers, des marbres et albâtres italiens, des cristaux de tout genre, surchargeant les tables et les consoles. La pièce, ainsi encombrée, perd absolument la physionomie d’un appartement particulier pour prendre celle d’une salle où l’on eût fait un déballage pour une vente.

Nous ne manquons point non plus de trouver là une grande boîte à musique, des pendules mécaniques avec petits oiseaux voltigeant de branche en branche, des tableaux à ressorts où des navires se balancent sur une mer agitée. Je m’étais bien souvent demandé où pouvaient aller ces produits spéciaux de l’industrie genevoise. Je sais maintenant qu’ils vont en Asie, car depuis que nous y sommes nous n’avons pas encore visité de prince ou de riche par-