Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/359

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d’un mince roseau, dans un carquois sur la hanche. Les Bhils ont la réputation d’être de grands voleurs. C’est avec difficulté que nous parvenons à faire marcher nos charretiers la nuit, lorsque nous devons passer près de quelques-uns de leurs villages. Les Rajpouts et les Hindous, de religion brahmanique, les tiennent en grand mépris ; ils n’entrent que le moins possible en contact avec eux.

Les castes et les classifications, plus que partout ailleurs, exercent donc ici leur empire. Depuis que nous sommes sur le territoire de Sirohi, nous avons augmenté notre suite d’un pèlerin qui revient de Bénarès et d’un Bhil, qui nous sert de guide. Nous avions déjà parmi nos charretiers un brahmane, parmi nos domestiques un musulman ; cela fait autant de gens cuisinant séparément, qui, pour rien au monde, ne consentiraient à boire et à manger ensemble. Notre pèlerin surtout, qui revient de se purifier dans les eaux du Gange et qui se considère en état de grande sainteté, se tient avec soin à distance des gens de la basse caste ou sans caste, catégorie dans laquelle nous sommes compris. Il a même hésité longtemps à accepter l’offre que nous lui avons faite de nous accompagner et de déposer