Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/229

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grande fête de votre surprise… ! Maintenant tout est perdu ! »

La mère était fort étonnée ; quant à la dame, elle garda un instant le silence, et, regardant attentivement Jean et sa mère, comme si elle eût douté de cette histoire et qu’elle eût craint d’être victime de sa compassion, elle s’adressa d’un ton sévère à l’enfant :

« C’est bien étonnant, lui dit-elle. Comment avez-vous pu placer votre argent dans un pot, et le pot dans une étable ? Pourquoi ne l’avoir pas donne à garder à votre mère ?

— Vous ne vous rappelez donc pas, madame, répondit Jean, que vous m’aviez dit hier de ne le lui donner qu’en votre présence ?

— Et vous ne lui en avez pas parlé ?

— Demandez à ma mère, dit Jean un peu offensé.

— Oh ! Jean, mon Jean bien-aimé, s’écria Mme Preston, parle à madame.

— J’ai parlé, répondit-il, j’ai dit la vérité, et madame ne veut pas me croire. »

La dame, qui avait vécu beaucoup dans le monde, et qui avait vu ces sortes de scènes se renouveler assez fréquemment, engagea Jean à essuyer ses pleurs et à conclure le marché, l’assurant que l’argent se retrouverait. Le pauvre garçon fit sur lui-même un violent effort, et alla chercher Pied-Léger.