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Johnny


Donc il marchait gaîment, se glissait dans la foule,
Suivait le tourbillon, roulait avec la houle,
Ouvrait à chaque pas ses grands yeux étonnés,
Riait de tel passant possesseur d’un gros nez,
D’un cocher maladroit dont le cheval s’emballe,
D’un monsieur rouge et gros, d’une miss sèche et pâle.
Le gamin est flâneur.
Le gamin est flâneurIl se mêle aux badauds.

Pour un chien qu’on écrase, il grimpe sur le dos
Du premier portefaix n’ayant point de main libre.
Celui-ci fait en vain des efforts d’équilibre,
Sous le poids qui s’ajoute à celui qu’il portait.
Il vocifère, il jure… Et le gamin se tait.
Il voulait voir, il voit. Il domine la scène.
C’est en vain comme un fou que l’homme se démène,
Saint Christophe aurait eu plus facile, je crois,
De se débarrasser du Christ et de sa croix.

Le chien est mort. Voilà que le groupe s’éloigne.

Mais qu’est-ce ? Tout à coup l’enfant sent une poigne
Qui le prend au collet.
Qui le prend au colletAttiré par les cris