Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Je n’aime ni ne hais. Je marche toujours seul.
Mon éternel ennui fait ma seule famille.
Mon regard morne et froid glace comme un linceul
Les rires doux et frais éclos sous la charmille.

Quand je passe le soir aux marges des forêts,
Les baisers des amants se fanent sur leurs lèvres ;
Leur étreinte se meurt en des frissons secrets,
Et l’effroi sur leur joue épand sa morne fièvre.

La flamme de la joie et des rires humains
N’a jamais coloré mon grand visage pâle,
Mon existence n’a ni soirs ni lendemains,
Elle suit une route éternelle et fatale.

Parfois un regret morne aime à me torturer ;
Son cri vague et lointain au souvenir ressemble ;
Alors dans ces moments quelquefois il me semble
Que je serais heureux si je pouvais pleurer.