Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/174

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tait le long du quai. Elle était penchée en avant, sans bonnet, la chevelure luisante et la nuque, tout imprégnée de soleil, orgueilleusement nue dans la lumière. Le collier rouge coupait sa chair comme une blessure.

Gaud le toucha du doigt et demanda :

— D’où que ça t’ vient ?

— Un cadeau…

Elle hissa sur la cale le vivier qui pissait à grand bruit et sentait les entrailles de la mer, une odeur d’alcali et de fermentation doucereuse.

— Qui te l’a donné ?

— Qui qu’ çà peut t’ faire…

Elle poursuivit sa besogne, ouvrit le vivier. Là-haut Jean-Baptiste observait, tapi le long de la yole.

— Qui te l’a donné ! insista Gaud, en maître.

Elle se redressa et le regardant bien en face :

— Jean-Baptiste !

Gaud n’avait pas bronché. Elle se recourba, enfonça son bras dans le vivier où l’on entendait gratter des pattes. Mais brusquement la main de l’homme s’abattit, empoigna le collier dont l’élastique étiré cassa, et lança les perles dans la mer. La Gaude était toute droite, le sang à la tête. Elle cria, le poing menaçant :

— Tu m’ le paieras, mon cochon ! et escalada la falaise en claquant du sabot.