Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/279

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était debout en face de Will, le regardant profondément dans les yeux.

— Certainement, je vous le promets, dit-il en rougissant.

S’il lui était interdit de s’exprimer désormais en paroles blessantes sur le compte de M. Casaubon, et s’il devait cesser de recevoir ses faveurs, il lui serait du moins loisible de l’en détester davantage. Le poète, dit Goethe, doit savoir comment il faut haïr ; et Will possédait ce talent-là. Il ajouta qu’il allait se retirer sans attendre M. Casaubon dont il viendrait prendre congé au moment de son départ. Dorothée lui tendit la main et ils échangèrent un simple « Adieu ».

Mais, en sortant de la porte cochère, il rencontra M. Casaubon, lequel, en exprimant à son cousin ses meilleurs vœux, le dispensa de sa visite d’adieu pour le lendemain, alléguant que ce jour-là serait suffisamment occupé par les préparatifs du départ.

— J’ai quelque chose à vous dire de votre cousin Ladislaw, qui augmentera certainement la bonne opinion que vous avez de lui, dit Dorothée à son mari dans le cours de la soirée.

Elle lui avait dit, dès qu’il était rentré, que Will venait de la quitter et comptait revenir le lendemain pour prendre congé ; à quoi M. Casaubon avait répliqué :

— Je l’ai rencontré là dehors et nous nous sommes fait, à ce que je crois, nos adieux définitifs.

Cela fut dit de cet air et de ce ton qui impliquent que le sujet en question, particulier ou général, n’intéresse pas assez pour qu’il y soit fait d’allusion nouvelle. Aussi Dorothée avait-elle attendu.

— Quelle est cette chose, mon amour ? demanda M. Casaubon. Il l’appelait toujours « mon amour » dans les moments de plus grande froideur.

— Il a pris la résolution de renoncer dès à présent à sa