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taine esquisse à Lowick, et, un matin que M. Brooke se rendait en voiture à la ville voisine par la route de Lowick, Will lui demanda de l’y déposer avec son album et son pliant, et, sans annoncer sa présence au manoir, il s’installa à dessiner dans un endroit d’où il ne manquerait pas d’apercevoir Dorothée, si elle sortait pour se promener, et il savait qu’elle se promenait à l’ordinaire une heure dans la matinée.

Le mauvais temps fit échouer son plan. Des nuages perfides ne tardèrent pas à s’amonceler, et, la pluie commençant à tomber, Will fut obligé de chercher un abri à l’intérieur de la maison. Sa parenté lui permettait d’entrer au salon et d’y attendre sans se faire annoncer ; aussi, rencontrant, dans le hall, sa vieille connaissance, le maître d’hôtel aux joues rouges :

— Pratt, lui dit-il, ne dites pas que je suis ici : j’attendrai jusqu’au lunch ; je sais que M. Casaubon n’aime pas qu’on le dérange, quand il est dans sa bibliothèque.

— Mon maître est sorti, monsieur ; il n’y a dans la bibliothèque que mistress Casaubon. Je ferais mieux de la prévenir que vous êtes ici, monsieur.

Pratt avait souvent des conversations des plus animées avec Tantripp, et convenait avec elle que la vie devait être bien triste pour madame.

— Oh ! soit, cette maudite pluie m’a empêché de dessiner ! dit Will radieux et affectant la plus complète indifférence.

Une minute après, il était dans la bibliothèque, où Dorothée, sans contrainte, l’accueillait avec son doux sourire.

— M. Casaubon est allé chez l’archidiacre, dit-elle aussitôt. Je ne pense pas qu’il rentre guère avant l’heure du dîner. Il ignorait lui-même le temps que cela lui prendrait. Aviez-vous quelque chose de particulier à lui dire ?

— Non, j’étais venu pour dessiner, mais la pluie m’a