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LES ROUGON-MACQUART.

— Ah ! le bandit, il a les mains noires de poudre, s’écria l’homme, qui s’était baissé. Allons, debout, canaille ! Ton compte est bon.

Et comme Silvère, souriant vaguement, ne bougeait pas, l’homme s’aperçut que le cadavre qui se trouvait là, dans le drapeau, était un cadavre de femme :

— Une belle fille, c’est dommage ! murmura-t-il… Ta maîtresse, hein ? crapule !

Puis il ajouta avec un rire de gendarme :

— Allons, debout !… Maintenant qu’elle est morte, tu ne veux peut-être pas coucher avec.

Il tira violemment Silvère, il le mit debout, il l’emmena comme un chien qu’on traîne par une patte. Silvère se laissa traîner, sans une parole, avec une obéissance d’enfant. Il se retourna, il regarda Miette. Il était désespéré de la laisser toute seule, sous les arbres. Il la vit de loin, une dernière fois. Elle restait là, chaste, dans le drapeau rouge, la tête légèrement penchée, avec ses grands yeux qui regardaient en l’air.