Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/267

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pas revenu les voir, c’était à coup sûr par discrétion. Lorsqu’il les rencontrait, il les saluait d’un air si émerveillé, si content de leur bonheur !

— Est-ce que ça te gêne ? demanda ingénument Pascal, qui aurait ouvert au jeune médecin sa maison, sa bourse, son cœur.

Alors, elle se hâta de répondre.

— Non, non !… Il n’y a jamais eu entre nous que de l’affection et de la franchise. Je crois que je lui ai fait beaucoup de peine, mais il m’a pardonné… Tu as raison, nous n’avons pas d’autre ami, c’est à Ramond qu’il faut nous adresser.

La malchance les poursuivait, Ramond était absent, en consultation à Marseille, d’où il ne devait revenir que le lendemain soir ; et ce fut la jeune madame Ramond qui les reçut, une ancienne amie de Clotilde, dont elle était la cadette, de trois ans. Elle parut un peu gênée, se montra pourtant fort aimable. Mais le docteur, naturellement, ne fit pas sa demande, et se contenta d’expliquer sa visite, en disant que Ramond lui manquait.

Dans la rue, de nouveau, Pascal et Clotilde se sentirent seuls et perdus. Où se rendre, maintenant ? quelle tentative faire ? Et ils durent se remettre à marcher, au petit bonheur.

— Maître, je ne t’ai pas dit, osa murmurer Clotilde, il paraît que Martine a rencontré grand’mère… Oui, grand’mère s’est inquiétée de nous, lui a demandé pourquoi nous n’allions pas chez elle, si nous étions dans le besoin… Et, tiens ! voilà sa porte là-bas…

En effet, ils étaient rue de la Banne, on apercevait l’angle de la place de la Sous-Préfecture. Mais il venait de comprendre, il la faisait taire.

— Jamais, entends-tu !… Et toi-même, tu n’irais pas. Tu me dis cela, parce que tu as du chagrin, à me voir