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La quatrième manière étoit celle appelée incertaine ou rustique. Les angles de ces murailles étoient faits de carreaux de pierres de taille en liaison ; le milieu, de pierres de toutes sortes de formes, ajustées chacune dans leur place. Aussi se falloit-il servir pour cet effet d’un instrument appelé sauterelle ; ce qui donnoit beaucoup de sujétion, sans procurer pour cela plus d’avantage. Il y a à Preneste des murailles, ainsi que les pavés des grands chemins, faits de cette manière.

La cinquième manière étoit en pierres de taille ; & c’est ce que Vitruve appelle la structure des Grecs. Le temple d’Auguste a été bâti ainsi ; on le voit encore par ce qui en reste.

La sixième manière étoit les murs de remplage ; on construisoit pour cet effet des espèces de caisses de la hauteur qu’on vouloit les lits, avec des madriers retenus par des arcs-boutans, qu’on remplissoit de mortier, de ciment, & de toutes sortes de pierres de différentes formes & grandeurs. On bâtissoit ainsi de lit en lit : il y a encore à Sirmion, sur le lac de Garda, des murs bâtis de cette manière.

Il y avoit encore une autre manière ancienne de faire les murailles, qui étoit de faire deux murs de quatre pieds d’épaisseur, de six pieds distans l’un de l’autre, liés ensemble par des murs distans aussi de six pieds, qui les traversoient, pour former des espèces de coffres de six pieds en carré, que l’on remplissoit ensuite de terre & de pierre. Les anciens pavoient les grands chemins en pierre de taille, ou en ciment mêlé de sable & de terre glaise.

Le milieu des rues des anciennes villes se pavoit en grais, & les côtés avec une pierre plus épaisse & moins large que les carreaux. Cette manière de paver leur paroissoit plus commode pour marcher.

La dernière manière de bâtir, & celle dont on bâtit de nos jours, se divise en cinq espèces.

La première se construit de carreaux, ou de pierres qui ne traversent pas l’épaisseur du mur, ou de boutisses, c’est-à-dire, de pierres qui traversent le mur, ou de pierres dures ou tendres, bien posées en recouvrement les unes sur les autres.

Cette manière est appelée communément maçonnerie en liaison, où la différente épaisseur des murs détermine les différentes liaisons, à raison de la grandeur des pierres que l’on veut employer.

Il faut observer, pour que cette construction soit bonne, d’éviter toute espèce de garni & remplissage ; & pour faire une meilleure liaison, de piquer les paremens intérieurs au marteau, afin que, par ce moyen, les agens que l’on met entre deux pierres puissent les consolider.

Il faut aussi bien écarrir les pierres, & n’y souffrir aucun tendre ni bousin, qui est la partie extérieure de la pierre encore abreuvée de l’humidité de la carrière, parce que l’un & l’autre émousseroit les parties de la chaux & du mortier.

La seconde est celle de brique, appelée en latin laterìtium, espèce de pierre rougeâtre faite de terre grasse, qui, après avoir été moulée d’environ huit pouces de longueur sur quatre de largeur & deux d’épaisseur, est mise à sécher pendgnt quelque temps au soleil & ensuite cuite au four. Cette construction se fait en liaison, comme la précédente.

Il se trouve à Athènes un mur qui regarde le mont Hymette, les murailles du temple de Jupiter, & les chapelles du temple d’Hercule faites de briques, quoique les architraves & les colonnes soient de pierres.

Dans la ville d’Arezzo en Italie, on voit un ancien mur aussi en brique très-bien bâti, ainsi que la maison des rois attaliques à Sparte : on a levé de dessus un mur de briques anciennement bâti, des peintures pour les encadrer.

On voit encore la maison de Crésus aussi bâtie en briques, ainsi que le palais du roi Mausole en la ville d’Halicarnasse, dont les murailles de briques sont encore toutes entières.

On peut remarquer ici que ce ne fut pas par économie, que ce roi & d’autres après lui, presque aussi riches, ont préféré la brique, puisque la pierre & le marbre étoient chez eux très-communs.

Si l’on défendit autrefois à Rome de faire des murs en brique, ce ne fut que lorsque les habitans se trouvant en grand nombre, on eut besoin de ménager le terrain & de mutiplier les surfaces ; ce qu’on ne pouvoit faire avec des murs de briques, qui avoient besoin d’une grande épaisseur pour être solides.

C’est pourquoi on substitua à la brique la pierre & le marbre ; & par-là on put non-seulement diminuer l’épaisseur des murs & procurer plus de surface, mais encore élever plusieurs étages les uns sur les autres ; ce qui fit alors que l’on fixa l’épaisseur des murs à dix-huit pouces.

Les tuiles qui ont été long-temps sur les toîts, & qui y ont éprouvé toute la rigueur des saisons, sont, dit Vitruve, très-propres à la maçonnerie.

La troisième est de moilon, en latin cæmentitium ; ce n’est autre chose que des éclats de la pierre, dont il faut retrancher le bouzin & toutes les inégalités, qu’on réduit à une même hauteur, bien écarris, & posés exactement de niveau en liaison, comme ci-dessus.

Le parement extérieur de ces moilons peut être piqué ou rustiqué avec la pointe du marteau, lorsqu’ils sont apparens & destinés à la construction des souterrains, des murs de clôtures, mitoyens, des caves, &c.

La quatrième est celle de limousinage, que Vitruve appelle amplecton ; elle se fait aussi de moilons posés sur leurs lits & en liaison, mais sans être dressés ni écarris, étant destinés pour les murs que l’on enduit de mortier ou de plâtre.

Il est cependant beaucoup mieux de dégrossir ces moilons pour les rendre plus gissans & en ôter toute espèce de tendre, qui, comme nous l’avons dit