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Quoique l’épaisseur des murs de face doive différer selon leur hauteur, cependant on leur donne communément deux pieds d’épaisseur, sur dix toises de hauteur, ayant soin de leur ménager six lignes par toise de talud ou de retraite en dehors, & de les faire à plomb par le dedans. Si on observe aussi des retraites en dedans, il faut faire ensorte que l’axe du mur se trouve dans le milieu des fondemens.

La hauteur des murs n’est pas la seule raison qui doit déterminer leur épaisseur ; les différens poids qu’ils ont à porter doivent y entrer pour beaucoup, tels que celui des planchers, des combles, la poussée des arcades, des portes & des croisées ; les scellemens des poutres, des solives, sablières, corbeaux, &c. raison pour laquelle on doit donner des épaisseurs différentes aux murs de même espèce.

Les angles d’un bâtiment doivent être non-seulement élevés en pierre dure, comme nous l’avons vu, mais aussi doivent avoir une plus grande épaisseur, à cause de la poussée des voûtes, des planchers, des croupes & des combles ; irrégularité qui se corrige aisément à l’extérieur par des avant-corps qui font partie de l’ordonnance du bâtiment, & dans l’intérieur par des revêtissemens de lambris.

L’épaisseur des murs de refend doit aussi différer selon la longeur & la grosseur des pièces de bois qu’ils doivent porter, sur-tout lorsqu’ils séparent de grandes pièces d’appartement, lorsqu’ils servent de cage à des escaliers, où les voûtes & le mouvement continuel des rampes exigent une épaisseur relative à leurs poussées, ou enfin lorsqu’ils contiennent dans leur épaisseur plusieurs tuyaux de cheminées qui montent de fond, seulement séparés par des languettes de trois ou quatre pouces d’épaisseur.

Tous ces murs se paient à la toise superficielle, selon leur épaisseur.

Les murs en pierre dure se paient depuis 3 liv. jusqu’à 4 liv. le pouce d’épaisseur. Lorsqu’il n’y a qu’un parement, il se paie depuis 12 liv. jusqu’à 16 livres ; lorsqu’il y en a deux, le premier se paie depuis 12 jusqu’à 16 livres, & le second depuis 10 jusqu’à 12 livres.

Les murs en pierre tendre se paient depuis 2. liv. 10 sols jusqu’à 3 liv. 10 sols le pouce d’épaisseur. Lorsqu’il n’y a qu’un parement, il se paie depuis 3 liv. 10 sols jusqu’à 4 liv. 10 sols. Lorsqu’il y en a deux, le premier se paie depuis 3.liv. 10 sols jusqu’à 4 liv. 10 sols ; & le second depuis 3 liv. jusqu’à 3 liv. 10 sols.

Les murs en moilon blanc se paient depuis 18 sols jusqu’à 22 sols le pouce ; & chaque parement, qui est un enduit de plâtre ôu de chaux, se paie depuis 1 liv. 10 sols jusqu’à 1 liv. 16.

Tous ces prix diffèrent selon le lieu où l’on bâtit, selon les qualités des matériaux que l’on emploie, & selon les bonnes ou mauvaises façons des ouvrages ; c’est pourquoi on fait toujours des devis & marchés avant que de mettre la main à l’œuvre.

Murs de clôture.

Ces murs servent à clorre les cours, basse-cours, jardins, parcs ou autres emplacemens, & n’ont à porter que leur propre poids.

On les fait en moellons ou pierrailles, avec mortier de chaux & sable, quelquefois entre mêlés de chaînes de pierres qui les rendent plus solides.

On fait encore ces murs avec moellons ou pierrailles, mais avec mortier de terre, qu’on entremêle,si l’on veut, de chaînes de pareils moellons, avec mortier de chaux & sable.

Ces chaînes placées ordinairement de douze en douze pieds, servent à les entretenir fermes, sans quoi ils sont sujets à se détruire promptement, principalement lorsque les moellons ont peu de liaison.

Il faut employer les pierres les plus dures dans le pied de ces murs, pour les préserver des humidités de la terre, & réserver les pierres les moins dures pour le haut.

On couvre le sommet de ces murs d’un chaperon en moellons, mêlés de mortier ou plâtre, ou mieux en dales de pierre dure à un ou deux égouts, rondes, courbes ou plates, bien jointes avec un mastic fait de limaille de fer & d’eau forte.

Murs mitoyens.

Les murs de refend & de clôture, depuis le pied de leur fondation jusqu’à leur sommet, sont de propriété unique ou de propriété commune. Les uns appartiennent à un seul propriétaire & se font à ses frais ; alors il est obligé d’en faire égoutter toutes les eaux sur sa propriété, & conséquemment d’en faire les chaperons à un seul égoût de son côté ; le voisin ne devant souffrir aucune incommodité d’un mur auquel il n’a aucune part, sinon celles qu’il occasionne pendant sa construction : les autres appartiennent en commun à deux ou plusieurs propriétaires, & se font à frais communs dans le temps de leur construction ; alors on fait les chaperons de manière à pouvoir égoutter les eaux également sur les propriétés.

Murs de cloisons.

Il y a des cloisons qui sont des espèces de murs de face ou de refend.

Les cloisons de face sont tournées du côté des vues, cours & jardins, & percées d’ouvertures semblables à celles des murs de face.

Les cloisons de refend sont celles qui portent une partie des planchers, séparent les pieces des appartemens, & ont des ouvertures de communication.

Les cloisons de face ou de refend sont élevées à deux ou trois pieds du sol, hors des humidités.