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de la terre, sur des parpins de pierre dure appuyés sur des murs bien fondés ; elles sont construites en bois de charpente d’assemblage, lattes, hourdés, & quelquefois enduits d’environ six, huit & dix pouces d’épaisseur sur toute la hauteur des bâtimens jusqu’au faîte ; ce qu’on appelle pour lors cloison de fond ou portant de fond.

On construit encore des espèces de cloisons de refend très-légères, destinées seulement aux séparations des pièces & aux ouvertures de communication. On les construit en planches lattées, hourdées & enduites par dessus d’environ trois ou quatre pouces d’épaisseur, sur la hauteur de chacune des pièces qui les contient.

Ces cloisons ne montent jamais de fond, & sont le plus souvent en porte à faux sur les planchers ; mais comme elles sont très-légères, elles ne peuvent, en aucune façon, en altérer la solidité.

On fait encore des cloisons en briques, posées de champ en liaison & enduites des deux côtés ; elles ont peu de solidité si elles ne sont pas doublées ou faites de deux briques d’épaisseur, ou seulement d’une brique posée de plat. Ces sortes de cloisons sont plus dispendieuses que les autres, mais elles ne sont pas exposées aux dangers du feu.

Des ravalemens.

Les ravalemens sont une dernière façon que l’on donne aux murs élevés, pour en approprier les faces. Les anciens, selon Vitruve, laissoient un pouce de plus à la surface des murs, pour avoir de quoi en ôter lors du ravalement ; ce qui devoit occasionner un très-grand déchet dans la bâtisse. Les modernes se contentent de laisser deux ou trois lignes au plus ; ce qui est bien suffisant.

Ces ravalemens se font à paremens apparens, ou à paremens recouverts, chacun façonné de diverses manières ; les uns, lorsque les murs sont en pierre, ont leurs paremens taillés après coup & dressés à la règle, & leurs joints sont bien garnis, ce qu’on appelle jointoyés ou marqués sensiblement pour en faire voir la coupe des pierres ; ce qu’on appelle beauté d’appareil.

Lorsque les murs sont en moellons, les paremens sont bruts, c’est-à-dire, que les pierres sont employées comme elles arrivent de la carrière, rustiquées, écarries, & taillées grossièrement au marteau ou piquées ; ce qui signifie que les pierres sont écarries & piquées proprement à la pointe du marteau.

Les autres ravalemens sont ceux dont les murs sont crépis, gobetés ou enduits ; de ce nombre sont ceux à paremens bruts, ainsi que les planchers & cloisons hourdés.

Les murs crépis sont ceux qu’on couvre de mortier ou plâtre liquide passé au panier, appliquant ce dernier avec un balai de bouleau.

Les murs gobetés sont ceux que l’on couvre de plâtre passé au panier, & sur lequel on passe la main pour l’unir.

Les murs enduits sont ceux que l’on couvre de plâtre passé au sas, & sur lequel on passe la truelle & ensuite le fer bretellé.

Des renformis & lancis.

Lorsqu’il arrive des dégradations dans les vieux murs & qu’on est obligé de les réparer, ou que l’on juge à propos d’y percer des ouvertures, alors on y remet de nouvelles pierres ou moellons où il en manque ; on en place de bonnes au lieu de mauvaises, ce qu’on appelle lancis : on redresse les murs que le temps a fait fléchir ou tourmenter ; ce qu’on appelle renformis. On ajoute aux uns & aux autres des gobetages, crépis ou enduits, suivant les circonstances.

Des murs de terrasse.

Les murs de terrasse diffèrent des précédens, en ce que non-seulement ils n’ont qu’un parement, mais encore parce qu’ils sont faits pour retenir les terres contre lesquelles ils sont appuyés.

On en fait de deux manières : les uns ont beaucoup d’épaisseur, & coûtent beaucoup ; les autres, fortifiés par des éperons ou contreforts, coûtent beaucoup moins.

Vitruve dit que ces murs doivent être d’autant plus solides, que les terres poussent davantage dans l’hiver que dans d’autres temps ; parce qu’alors elles sont humectées des pluies, des neiges & autres intempéries de cette saison : c’est pourquoi il ne se contente pas seulement de placer d’un côté des contreforts, mais il en met encore d’autres en dedans, disposés diagonalement en forme de scie ou en portion de cercle, étant par-là moins sujets à la poussée des terres.

Il faut observer de les élever perpendiculairement du côté des terres, & inclinés de l’autre. Si cependant on jugeoit à propos de les faire perpendiculaires à l’extérieur, il faudroit alors leur donner plus d’épaisseur, & placer en dedans les contreforts que l’on auroit dû mettre en dehors.

Quelques-uns donnent à leur sommet la sixième partie de leur hauteur, & de talud la septième partie : d’autres ne donnent à ce talud que la huitième partie. Vitruve dit que l’épaisseur de ces murs doit être relative à la poussée des terres, & que les contreforts que l’on y ajoute sont faits pour le fortifier & l’empêcher de se détruire ; il donne à ces contreforts, pour épaisseur, pour saillie, & pour intervalle de l’un à l’autre, l’épaisseur du mur, c’est-à-dire, qu’ils doivent être carrés par leur sommet, & la distance de l’un à l’autre aussi carrée : leur emparement, ajoute-t-il, doit avoir la hauteur du mur.

Lorsque l’on veut construire un mur de terrasse, on commence d’abord par l’élever jusqu’au rez-de-chaussée, en lui donnant une épaisseur & un talud convenables à la poussée des terres qu’il doit soutenir : pendant ce temps-là, on fait plusieurs tas des terres