Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T04.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
282
MAÇ MAÇ

Banc, celle qui est placée dans des cours, basses-cours, ou à la principale porte des grands hôtels, pour servir de siège aux domestiques, ou dans un jardin, à ceux qui s’y promènent.

Des libages.

Les libages sont de gros moellons ou quartiers de pierre rustique & mal faite, de quatre, cinq, six & quelquefois sept à la voie, qui ne peuvent être fournis à la toise par le carrier, & que l’on ne peut écarrir que grossièrement à cause de leur dureté, provenant le plus souvent du ciel des carrières, ou d’un banc trop mince.

La qualité des libages est proportionnée à celle de la pierre des différentes carrières d’où on les tire : on ne s’en sert que pour les garnis, fondations, & autres ouvrages de cette espèce. On emploie encore en libage les pierres de taille qui ont été coupées, ainsi que celles qui proviennent des démolitions, & qui ne peuvent plus servir.

On appelle quartier de pierre, lorsqu’il n’y en a qu’un à la voie.

Carreaux de pierre, lorsqu’il y en a deux ou trois.

Libage, lorsqu’il y en a quatre, cinq, six, & quelquefois sept à la voie.

Du moellon.

Le moellon, du latin mollis, que Vitruve appelle cœmentum, n’étant autre chose que l’éclat de la pierre, en est par conséquent la partie la plus tendre ; il provient aussi quelquefois d’un banc trop mince. Sa qualité principale est d’être bien écarri & bien gissant, parce qu’alors il a plus de lit, & consomme moins de mortier ou de plâtre.

Le meilleur est celui que l’on tire des carrières d’Arcueil. La qualité des autres est proportionnée à la pierre des carrières dont on le tire, ainsi que celui du fauxbourg saint Jacques, du fauxbourg saint Marceau, de Vaugirard & autres.

On l’emploie de quatre manières différentes ; la première, qu’on appelle en moellon de plat, est de le poser horizontalement sur son lit & en liaison, dans la construction des murs mitoyens, de refend & autres de cette espèce élevés d’à-plomb. La seconde, qu’on appelle en moellon d’appareil, & dont le parement est apparent, exige qu’il soit bien écarri, à vives arêtes, comme la pierre, piqué proprement, de hauteur & de largeur égale, & bien posé de niveau, & en liaison dans la construction des murs de face, de terrasse, &c. La troisième, qu’on appelle en moellon de coupe, est de le poser sur son champ ou sa surface la plus mince, dans la construction des voûtes. La quatrième, qu’on appelle en moellon piqué, est, après l’avoir écarri & ébouriné, de le piquer sur son parement avec la pointe du marteau, pour la construction des voûtes de caves, murs de basses-cours, de clôture, de puits, &c.

Du moellon selon ses façons.

On appelle moellon blanc, chez les ouvriers, un platras, & non un moellon ; ce qui est un défaut dans la construction.

Moellon esmillé, celui qui est grossièrement écarri & ébousiné avec la hachette, à l’usage des murs de parcs, de jardins, & autres de peu d’importance.

Moellon bourru ou de blocage, celui qui est trop mal fait & trop dur pour être écarri, & que l’on emploie dans les fondations ou dans l’intérieur des murs, tel qu’il est sorti de la carrière.

Le moellon de roche, dit de meulière, est de cette dernière espèce.

Toutes ces espèces de moellons se livrent à l’entrepreneur à la voie ou à la toise, & dans ce dernier cas l’entrepreneur se charge du toisé.

Du marbre en général.

Le marbre, du latin marmor, dérivé du grec μαρμαίρειν, reluire, à cause du poli qu’il reçoit, est une espèce de pierre de roche extrêmement dure, qui porte le nom des différentes provinces où sont les carrières dont on le tire. Il s’en trouve de plusieurs couleurs ; les uns sont blancs ou noirs, d’autres sont variés ou mêlés de taches, veines, mouchés, ondes & nuages, différemment colorés ; les uns & les autres sont opaques, le blanc seul est transparent, lorsqu’il est débité par tranches minces. Aussi M. Félibien raporte-t-il que les anciens s’en servoient au lieu de verres pour les croisées des bains, étuves & autres lieux qu’on vouloit garantir du froid ; & qu’à Florence, il y avoit une église très-bien éclairée, dont les croisées en étoient garnies.

Le marbre se divise en deux espèces ; l’une qu’on appelle antique, & l’autre moderne : par marbre antique, l’on comprend ceux dont les carrières sont épuisées, perdues ou inaccessibles, & que nous ne connoissons que par les ouvrages des anciens : par marbres modernes, l’on comprend ceux dont on se sert actuellement dans les bâtimens, & dont les carrières sont encore existantes.

On ne l’emploie le plus communément, à cause de sa cherté, que pour revêtissement ou incrustation, étant rare que l’on en fasse usage en bloc, à l’exception des vases, figures, colonnes & autres ouvrages de cette espèce. Il se trouve d’assez beaux exemples de l’emploi de cette matière dans la décoration intérieure & extérieure des châteaux de Versailles, Trianon, Marly, Seaux, &c. ainsi que dans les différens bosquets de leurs jardins.

Quoique la diversité des marbres soit infinie, on les réduit cependant à deux espèces ; l’une que l’on nomme veiné, & l’autre brèche ; celui-ci n’étant autre chose qu’un amas de petits cailloux de différente couleur fortement unis ensemble, de manière que lorsqu’il se casse, il s’en forme autant de brèches qui lui ont fait donner ce nom.