Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T04.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
300
MAÇ MAÇ

De la plantation des bâtimens.

L’emplacement destiné à exécuter l’édifice étant distribué par-tout en caves, à l’exception d’une principale cour, il faut une excavation presque générale, un peu plus grande pour l’aisance de la bâtisse, d’environ onze pieds de profondeur, qui est celle qu’elles doivent avoir, en y joignant l’épaisseur des voûtes recouvertes de terre, & de pavés ou carreaux.

Avant que de tracer sur le terrain, il faut un plan sur lequel soient marquées, tant en largeur qu’en profondeur, toutes les dimensions générales & particulières, ce qu’on entend par plan coté, afin d’éviter d’avoir toujours le compas à la main, & de faire des erreurs.

Ce plan en petit représente le même en grand dans toutes ses proportions, & sert à diriger dans la construction. On l’accompagne, vers le bas, d’une mesure appelée échelle, distribuée par toises, pieds & pouces, aussi en égales proportions, sur laquelle on rapporte les dimensions, pour en connoître la juste valeur.

Ces plans se renouvellent à chaque étage, lorsque les dimensions changent.

On fait aussi des coupes, pour diriger les hauteurs ; des élévations, pour diriger les détails de décoration extérieure, & d’autres dessins, suivant les besoins.

Pour tracer l’excavation de l’édifice, il faut, avant tout, prendre pour base l’alignement donné par le voyer : on fixe cet alignement sur de petits massifs en maçonnerie, appelés repaires, & sur ces massifs, on établit une ligne devant servir d’axe principal. Cette ligne est oblique sur la base, lorsque le terrain est irrégulier.

On place de ces sortes de repaires en maçonnerie, par-tout où il en faut, lorsque l’édifice est d’une assez grande importance, & qu’il doit durer un certain temps à construire, étant moins sujets que les autres à être dérangés ou perdus.

Sur la base principale & parallèlement à l’axe, on marquera des lignes doubles pour l’épaisseur des deux murs mitoyens, en observant six pouces d’épaisseur de plus par chaque côté intérieurement de celui de la cave de devant, pour porter la retombée de la voûte ; épaisseur qui doit être prise en totalité sur le terrain de celui à qui appartient la cave, & non sur celui du voisin ; ensuite d’autres lignes doubles pour l’épaisseur des murs, qui doivent porter les cloisons des grands escaliers.

Parallèlement à la base principale, on marquera une ligne double pour le mur mitoyen du fond, observant une épaisseur pour l’avant-corps du milieu, & deux autres de six pouces aux extrémités, pour porter la retombée des petites voûtes, ensuite des lignes doubles pour les autres murs.

Les lignes doubles pour les pans coupés, se posent après l’excavation faite, ne pouvant se marquer sur un terrain qui doit être excavé, ainsi que celles pour les murs d’échiffre des escaliers, parallèles à ceux de la cage.

L’excavation étant tracée, on fouille en pente douce, à peu près d’un pied ou deux par toise, de manière à faire descendre les voitures jusgu’au fond de l’excavation ; d’abord au milieu, ensuite en deux parties de droite & de gauche, puis en retournant d’équerre.

L’excavation ainsi préparée jusqu’à l’extrémité de l’emplacement, on fouille la tranchée pour le mur de clôture de la cour principale.

D’abord, on prépare le sol des caves formant une banquette, sur laquelle on jette les terres qui proviennent du fond ; on creuse la tranchée jusqu’au bon terrain, le sol des caves servant alors de première banquette, & celle ci-devant pratiquée servant de deuxième.

On continue de suite, faisant de nouvelles tranchées où il en est besoin, en suivant la même méthode ; & lorsqu’en approchant du devant, le terrain devient trop élevé pour pouvoir y jeter les terres, on fait des banquettes intermédiaires.

On fouille les tranchées jusqu’au bon terrain pour les murs mitoyens latéraux, le sol des caves servant de première banquette, celles précédemment pratiquées servant de deuxième & de troisième. On continue la fouille jusqu’au sol-des caves.

On baisse enfin la dernière banquette ; & lorsqu’elle devient trop basse pour pouvoir y jeter les terres, on construit un petit échafaud de boulins & de planches, pour servir de banquette intermédiaire, sur laquelle on jette les dernières terres, & de cette manière on parvient à faire approcher les voitures tout près des fouilles, & on évite les longs circuits, qui deviennent très-dispendieux.

Il est quelquefois indispensable d’étayer les terres pour les empêcher de s’ébouler, sur-tout lorsqu’elles sont mouvantes & sablonneuses, en appliquant dessus des madriers de part & d’autre, étrésillonnés par des boulins ou pièces de charpente mises en travers & forcées entre eux.

L’excavation faite, on pose les fondemens. On remplit les tranchées d’abord avec les plus gros moellons, ou mieux encore, avec une première assise de libage bien gissante, & l’on élève la maçonnerie entre deux cordeaux avec mortier.

Les fosses d’aisance sont voûtées au niveau des caves avec cheminées pour la descente des matières, & ouvertures pour les vidanges.

A quelques pouces au dessous du sol des caves, on pose les premières assises en pierres, des chaînes où il en est besoin pour porter le poids des poutres & planchers, des arcs pour lier les voûtes, qui, à cause de leur trop grande longueur, n’auroient pas assez de solidité ; les piédroits, dosserets & soupiraux, qui, n’ayant pas assez de force en