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moellons pour se défendre des chocs auxquels ils sont exposés, se détruiroient peu à peu.

On élève ensuite les murs entre deux cordeaux, posant à mesure les assises de pierres, & remplissant les intervalles en maçonnerie, le tout bien à-plomb & de niveau dans toute la surface du bâtiment.

Puis on pose les plates-bandes des portes, & l’on arrase jusqu’à la retombée des voûtes.

Cela fait, on pose les ceintres ; on les garnit de moellons en plâtre, pour leur donner la forme circulaire, & l’on bande les arcs.

Autrefois on plaçoit des madriers étroits & forts entre les arcs & les ceintres, allant de l’un à l’autre sous toute la largeur développée des voûtes, pour les construire ; ce qui en exigeoit une très-grande quantité.

On a depuis quelque temps aboli cet usage, en les liant avec le plâtre, qui prend à l’instant ; & l’on fait la même chose avec deux ou trois madriers, en les posant sous- les arcs après en avoir ôté les ceintres, les forçant d’étrésillons à chaque rang de voussoirs, & à mesure que l’on construit les voûtes.

On choisit pour voussoirs, des moellons plats, forts & minces d’un côté, que l’on pose sur les madriers, faisant tendre les coupes au centre de la voûte, calant, fichant & remplissant les joints de plâtre & pierrailles.

On fait aussi de la même manière des voûtes légères en briques, posées debout ou de champ, qui ne sont solides qu’autant qu’elles sont surmontées, ou au moins en plein ceintre ; mais on ne peut se dispenser de les maçonner en plâtre, qui a l’inconvénient de pousser les murs au dehors. Le mortier n’a pas cet inconvénient ; mais il en a un plus grand, d’être fort long à sécher, & d’être trop peu solide dans les murs & voûtes minces.

Quelques-uns, pour enchérir sur l’économie ou montrer du nouveau, ont imaginé de faire des voûtes avec des briques posées de plat, & de les doubler ; mais cette nouveauté, quoiqu’en usage en Provence, n’a pas eu un grand succès, & a été peu applaudie par les artistes.

Avant que de fermer entièrement les voûtes, il faut faire attention d’élever les murs au-delà des naissances, & jusqu’à cinq à six pouces au dessous du niveau des rez-de-chaussée, pour en conserver les à-plombs, continuant en pierres les chaînes & soupiraux seulement.

Les voûtes une fois fermées, on les couvre de décombres & de sable, pour boire les eaux du ciel, jusqu’à ce que le bâtiment soit couvert : les pluies qui tombent continuellement sur les voûtes, s’y insinuent, les tiennent toujours humides, & les empêchent de sécher & faire corps ; ce qui fait que quelques-uns ne voûtent que lorsque le bâtiment est entièrement couvert.

Autre inconvénient : ces caves non voûtées empêchent le service, & les pluies tombant au fond, pourrissent les fondemens ; de sorte que le meilleur parti est de les charger & endurcir la surface de manière à former un écoulement aux eaux, & d’élever promptement, pour couvrir le plus tôt possible, ou de paver provisionnellement, si le bâtiment doit rester long-temps à découvert.

Comme les bâtimens se font toujours en été, où les mauvais temps sont rares, on s’arrange, autant qu’il est possible, pour être en état de les couvrir avant l’hiver.

Les escaliers de cave se montent quelquefois après coup, mais mieux avec leurs murs de cage & d’échiffre.

Toutes les marches étant en pierre, se scellent & se garnissent plus facilement, & les murs faits en même temps sont plus solides.

Pour les construire, on divise sur une règle la quantité des marches & leur espace en hauteur ; & sur une autre, la même quantité & leur espace en largeur, & à chaque marche que l’on pose, on présente les deux règles ; la première, pour en fixer la hauteur ; & la deuxième, pour en fixer la largeur.

Ces marches se posent l’une sur l’autre, & sont appuyées, par leurs extrémités, d’un côté sur le mur de cage, & de l’autre sur celui d’échiffre : mais mieux encore & plus solidement sur une petite voûte en maçonnerie, pratiquée dessous, formant un caveau ; la dernière faisant marche palière, les unes & les autres délardées par dessous.

Les soupiraux, coupe, plan, élévation intérieure & élévation extérieure, se font toujours en pierre à plusieurs assises, avec ouverture par le haut, pour procurer de l’air aux caves, fermées souvent d’une grille ou barre de fer pour la sûreté.

Les puits circulaires ou ovales, que l’on construit en même temps que les murs, se placent au dehors ou au dedans des bâtimens, isolés ou pris dans l’épaisseur des murs de face, de refend ou mitoyens.

On les fonde à cinq ou six pieds au dessous de la nappe d’eau, après en avoir épuisé l’eau, en posant un rouet de charpente, surmonté de maçonnerie en moellons jusqu’au rez-de-chaussée, où l’on élève une margelle en pierre dure.

On les élève quelquefois seulement jusqu’au sol des caves, & alors on y pose des pompes pour en élever l’eau avec un balancier placé dans le lieu le plus commode des cours ou basses-cours.

Les murs élevés au rez-de-chaussée, on vérifie les alignemens d’après les repaires plantés autour de l’édifice, & on les élève au-delà, construisant en pierre les faces extérieures, quelquefois celles intérieures, mais au moins les assises de la retraite, une partie des tableaux de portes ou croisées, les piédroits & trumeaux qui seroient trop foibles en maçonnerie ; & l’on continue ainsi jusqu’au premier plancher, observant les vides de porres, de croisées, de boutiques, de remises, &c. dont on bande les arcs ou plates-bandes, aussi en pierres,