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délibérer, tant sur leurs besoins réciproques que sur ceux de l’empire : ces assemblées sont connues sous le nom de jours électoraux (churfürsten-tage). On se rend coupable envers eux du crime de lèse-majesté.

Ce qui constitue proprement l’électorat, est indivisible, & passe de droit à l’aîné : aujourd’hui l’aîné est également héritier unique de toutes les autres possessions de son père. La capitulation accorde aux envoyés des électeurs le pas sur les princes de l’empire en personne : les princes se plaignent de cet article, ainsi que de beaucoup d’autres. Les électeurs cèdent le pas au roi, & leurs envoyés aux envoyés des têtes couronnées ; cependant eux & leurs représentans reçoivent de toutes les puissances étrangères presque tous les honneurs royaux, & ils n’admettent point la préséance des cardinaux, du nonce du pape, ni des républiques. Les rois donnent le titre de frère, aux électeurs laïques, & même à un électeur ecclésiastique, s’il est né prince. Enfin, les électeurs sont majeurs à dix-huit ans accomplis.

Des archi-offices & des prérogatives particulières attachées aux électorats. I. L’électeur de Mayence est archi-chancelier de l’empire en Germanie. Il dirige, en cette qualité, le collège électoral, dont il est quelquefois appellé le doyen. Il notifie la mort de l’empereur aux autres électeurs, convoque la diète d’élection, reçoit le serment & les suffrages, proclame l’empereur, & le sacre, lorsque le couronnement se fait dans son diocèse. Il alterne avec l’archevêque de Cologne, lorsque le lieu du couronnement n’est pas situé dans le diocèse de l’un ou de l’autre : il a le directoire général à la diète de l’empire. L’empereur s’engage à ne point le troubler, ni le restreindre dans l’exercice de ces deux fonctions d’archi-chancelier & de directeur de l’empire, à ne point l’empêcher de porter au collège électoral ou aux trois collèges assemblés, une matière quelconque, concernant le bien public de l’empire, ou les griefs de quelques états, &c. C’est à lui que les envoyés des états de l’empire & des puissances étrangères remettent leurs lettres de créance. Il nomme le vice-chancelier, lequel lui prête serment aussi bien qu’à l’empereur ; il nomme encore tous les employés de la chancellerie de l’empire, qui sont soumis à sa jurisdiction : il a l’inspection sur les archives impériales. Il visite, au nom de l’empereur, le conseil aulique impérial ; il exerce un droit de protection sur tout ce qui est relatif aux postes ; ses conseillers ont leurs franchises aux postes impériales. L’empereur l’appelle son cher neveu, électeur & conseiller : nous ne dirons rien de ses autres prérogatives.

II. L’électeur de Trêves est archi-chancelier du saint empire romain dans les Gaules & dans le royaume d’Arles : titre qui est aujourd’hui sans fonction. Il donne la première voix aux diètes d’élection, & il précède toujours l’électeur de Cologne ; il reçoit le serment de l’électeur de Mayence. Dans tous les autres cas il alterne pour le rang avec l’électeur de Cologne.

III. L’électeur de Cologne est archi-chancelier du saint empire romain en Italie : vain titre qui ne donne plus aucun pouvoir. Il a le second suffrage à la diète d’élection ; & lorsque le couronnement se fait à Aix-la-Chapelle ou dans son diocèse, il est seul chargé du sacre : lorsqu’il se fait dans une ville qui n’est point située dans son diocèse ni dans celui de Mayence, il alterne avec l’électeur de Mayence.

IV. Le roi & électeur de Bohème est archi-échanson de l’empire ; il n’en porte ni le titre ni les armes. Il présente en cette qualité, au nouvel empereur, une coupe remplie d’eau & de vin ; cette coupe, qui doit être du poids de douze marcs, est donnée ensuite, ainsi que le cheval, au vicaire de l’archi-échanson. Il a le pas devant tous les autres électeurs laïques ; il suit immédiatement l’empereur dans les grandes cérémonies ; il est alors suivi de l’impératrice, des électeurs de Mayence & de Cologne : il a la troisième voix au collège électoral. Depuis 1714 le vicaire du roi de Bohême est le comte d’Althan, descendant de la branche du comte Michel Jean, ci-devant premier écuyer de l’empereur ; on le nomme échanson héréditaire, & en cette qualité il porte une coupe dans ses armes.

V. L’électeur de Bavière est archi-sénéchal ou archimaître-d’hôtel du saint empire romain ; il en prend le titre ; & c’est pour cela qu’on trouve un globe impérial dans ses armes. Lors du couronnement il porte le globe impérial ; il pose sur la table de l’empereur quatre plats d’argent de douze marcs chacun, & il sert le premier mets ; il a rang après l’électeur de Bohême. Son vicaire est le comte de Wahlbourg, qui a le globe impérial dans ses armes. Les maisons Palatine & de Bavière étoient convenues, dès l’année 1329, d’exercer leurs fonctions électorales alternativement, mais le droit exclusif de la maison Palatine fut confirmé par la bulle d’or (en 1356). L’électeur Frédéric ayant été mis au banc de l’empire en 1623, à l’occasion des troubles de Bohême, la dignité électorale fut transférée au duc de Bavière Maximilien : le traité de Westphalie ratifia ce changement. L’électeur de Bavière fut mis à son tour au banc de l’empire en 1706, & l’électeur Palatin recouvra ses prérogatives, & entr’autres son archi-office ; mais le premier, après qu’il eut été réintégré par le traité de Bade, le réclama.

VI. L’électeur de Saxe est archi-maréchal du saint empire ; c’est pour cela qu’il porte deux épées en sautoir dans ses armes. Il est vicaire de l’empire dans les provinces qui suivent le droit saxon, & dans d’autres annexés à ce vicariat. Ce droit tient à la qualité de comte Palatin, attachée aux terres électorales de Saxe. À la diète & dans les grandes cérémonies, il porte devant l’empereur l’épée impériale. On voit une multitude de cérémonies