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ramasser & de distinguer les mâles & les femelles, d’observer les lieux, la saison où ils ont été trouvés, les substances dont ils se nourrissent, soit qu’ils n’aient de goût que pour une sorte d’aliment, soit qu’ils en aient pour plusieurs ; de la nécessité de décrire quelques espèces peu de tems après les avoir trouvées, à cause des changemens qu’ils subissent en peu de tems ; du soin de faire connoître les dégâts qu’ils causent, les avantages qu’ils procurent ; de la manière de faire passer la collection dans le lieu de sa destination, & de l’y conserver.

5o. Enfin, de donner la notice des ouvrages du plus grand nombre des auteurs qui ont écrit sur les insectes, & de rendre cette notice aussi complète qu’il me seroit possible.

On voit par ce qui vient d’être dit que le dictionnaire commencera par cinq discours généraux ; il y aura encore dans le corps de l’ouvrage quelques articles que j’aurai fournis. Ces articles seront indiqués par la première lettre de mon nom. M. Olivier s’est réservé d’exposer la méthode d’après laquelle il rangera les insectes, tout ce qui est relatif à la nomenclature, à la synonimie, à la partie descriptive, & à l’histoire des genres & des espèces. Il développera lui-même son plan dans un discours à la suite de ceux dont je viens de parler.

PREMIER DISCOURS.
De la forme & de l’organisation des insectes, de leurs métamorphoses, des alimens dont ils se nourrissent, de leur accouplement, de leur production, des précautions qu’ils prennent pour leur postérité, de leur développement & de leur accroissement, de leur manière d’être, des causes qui favorisent leur multiplication, ou qui y nuisent, de la durée de leur vie.

Les insectes ne sont aux yeux de la plupart des hommes que des êtres vils, remarquables seulement par leur multiplicité, leur importunité, le dégoût qu’on en conçoit sans un motif déterminé, & par conséquent par habitude & par préjugé. Ce sont au contraire pour quelques-uns, qui en font une étude particulière, des êtres merveilleux qu’on ne peut trop observer & trop admirer, parce que, sous un volume beaucoup plus petit que celui des autres animaux, ils jouissent d’une existence aussi complète, des mêmes facultés ; qu’ils ne donnent pas moins & souvent plus d’indices de sagacité ou d’instinct ; comme si l’existence, les facultés, la sagacité ou l’instinct dépendoient du volume, qu’ils fussent en raison des masses, que la nature fût plus étonnante pour nous, par conséquent plus admirable à nos yeux, en vivifiant un atome de matière qu’un colosse ! D’autres ne recherchent les insectes qu’à cause de la singularité de leur forme ou pour le brillant de leurs couleurs, ils les amassent & les conservent comme des pièces rares, & ils sout pour eux l’objet d’une curiosité stérile ; mais le plus grand nombre de ceux qui s’en occupent, tend à réunir la plus grande quantité possible d’espèces d’insectes, & à la ranger dans un ordre que quelques-uns imaginent être celui que la nature a suivi dans la production de ces animaux : plus une collection, disposée suivant l’ordre adopté, est nombreuse en espèces, plus on en fait cas, & c’est sans doute avec fondement ; mais le desir d’augmenter sa collection, d’en alonger le catalogue, invite souvent à faire une trop grande attention, à donner trop de valeur à des différences très-légères, à des nuances peu marquées qu’on distingue entre des individus d’ailleurs semblables en tout ; à regarder les individus en qui on observe ces différences comme des espèces, à les inscrire comme telles sur le catalogue à la suite des insectes dont ils ne diffèrent que par ces traits légers ; superficiels, qu’on regarde comme essentiels & distinctifs, au lieu de placer ces mêmes individus comme variétés, à côté des espèces auxquelles ils se rapportent. On jouit après ce travail peu pénible, du double plaisir d’avoir augmenté sa collection & d’avoir ajouté un article au catalogue des