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3e. Mémoire.
Des Araignées.

Leurs caractères.

Les Araignées onr été observés par Leuwenhoeck, Lister, Homberg, de Réaumur, Clerck, Roesel, &c. Mais M. de Geer déclare que, sans s’attacher aux observations des auteurs, il ne rapporte que celles qu’il a faites lui-même, & il remarque que les Araignées méritent bien d’être étudiées, sur-tout à cause de leur forme, de leur manière de vivre & de leur façon de se propager.

La morsure des Araignées, au moins de celles qu’on trouve en Europe, n’est point vénimeuse comme on le croie communément ; elle ne produit, au plus, qu’une légère inflammation & de la démangeaison, comme la piquure des Cousins.

Le corps des Araignées paroît n’être partagé qu’en corcelet & en ventre. La tête qu’on reconnoît par la position des yeux, est comme confondue avec le corcelet ; le ventre varie beaucoup ; dans différentes espèces, tant par la forme que par le volume ; les filières sont situées à sa partie postérieure, & les parties de la génération sont placées vers son milieu en dessous dans les femelles.

Les mâles sont beaucoup plus petits, & leur ventre sur-tout est beaucoup moins considérable ; chacun de leurs bras est surmonté d’un bouton qui contient les parties de la génération ; elles sont donc doubles, mais le mâle ne fait usage que d’une de ces parties dans l’accouplement ; il n’approche qu’avec beaucoup de précaution de la femelle, & seulement pour l’accouplement ; quand il se trouve à sa portée dans d’autres circonstances, il en est souvent dévoré, & même lorsqu’il s’en approche trop brusquement pour s’accoupler. Parmi quelques petites espèces les mâles vivent cependant sur la même toile que les femelles, mais en se tenant toujours à l’écart.

L’instant de l’accouplement est précédé de beaucoup de précautions de la part du mâle, qui s’approche & se retire plusieurs fois, & s’unit enfin à la femelle, après avoir eu soin de tendre un fil qui lui serve à se retirer aussi-tôt que l’accouplement est fini ; il prend alors la fuite au plutôt, & il n’est cependant pas rare qu’il soit arrêté & dévoré par la femelle à laquelle il vient de se joindre.

Les Araignées ne vivent que de proie ; & celle de toutes espèces leur est bonne, pourvu qu’elles soient assez fortes pour s’en rendre maîtresses ; elles ne s’épargnent pas même entre elles, & elles s’entre dévorent ; les unes ne font que sucer le sang, les autres dévorent leur proie, ou entière, ou en partie ; celles qui tendent des toiles y prennent les insectes qui donnent dedans, & celles qui ne filent pas, saisissent leur proie à la course.

Lorsque deux Araignées se rencontrent sur la même toile, celle à qui la toile appartient se saisit de l’Araignée étrangère qui tâche de fuir, & la tue si elle est plus forte ; mais si elles sont de grandeur égale, il se livre un rude combat, dont la suite ordinaire est la mort des deux parties. Cependant ce n’est que par quelqu’accident que deux Araignées se trouvent sur la même toile ; elles ne cherchent point celles qu’elles n’ont pas filées, & elles ne les habitent pas, elles n’en délogent pas les Araignées plus foibles.

Les Araignées mangent beaucoup quand elles en trouvent l’occasion, & si leur nourriture continue à être abondante, leur accroissement est rapide ; mais elles ont la faculté de supporter de très-longs jeûnes, quand la nécessité les y contraint ; elles périssent par l’effet de la plus légère blessure, & sont en cela bien différentes des autres insectes. Elles rendent des excrémens liquides & sous la forme d’une espèce de bouillie.