Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/136

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rapporter aux espèces, de les effacer du catalogue & de n’y comprendre que les espèces variées & déguisées par les causes que nous venons d’assigner. Ce travail, fruit du tems & de l’observation, difficile dans toutes les parties de l’histoire naturelle, le fera sans doute sur-tout par rapport aux insectes ; mais combien la ressemblance parfaite qui se trouve entre beaucoup d’insectes de différens climats, donnés pour autant d’espèces, uniquement parce qu’on les trouve en des lieux très-distans, & que leur conformité parfaite, quand on les compare, ne permet pas de douter qu’ils ne soient les mêmes, fait-elle déjà sentir l’importance de la réduction que nous annonçons ? Combien d’individus, qui ne diffèrent que par quelques traits superficiels, se trouveront ne former qu’une espèce ? Je laisse aux naturalistes à décider s’il est tems d’entreprendre ce travail en général, & en particulier pour les insectes, & le soin de le commencer à ceux qui ont la sagacité & le courage nécessaire ; car il est aisé d’ajouter à la liste, & très-difficile d’en effacer, & ceux qui aiment à paroître dans une carrière peu pénible, s’opposeront d’abord aux efforts qui rendront leur travail inutile & leurs découvertes nulles. Enfin, le catalogue sera moins étendu, mais il sera exact & nos connoissances plus réelles.

FRICH.

On a, de M. Frich, un volume in-4o. sur les insectes, imprimé en 1730. Cet ouvrage est écrit en allemand. Il contient des planches, qui sans avoir le mérite d’être bien gravées, suffisent pour qu’on reconnoisse les insectes qu’elles représentent ; l’auteur n’a traité que de ceux d’Europe, & les planches ne sont soumises à aucun ordre méthodique. On voit, dans la même, des insectes des genres les plus éloignés. Cependant cet ouvrage est souvent cité par les auteurs qui ont écrit depuis sur les insectes, parce que les planches sont nombreuses & les objets reconnoissables.

GEOFFROI.

M. Geoffroi, docteur-régent de la faculté, & associé ordinaire de la société royale de médecine, publia, en 1771, deux volumes in-4o. sous le titre d’Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris. Le principal but de cet excellent ouvrage est de ranger les insectes suivant une méthode qui en comprenne tous les genres, au moyen de laquelle on distingue aisément les espèces, & on les rapporte à leur genre.

Un pareil ouvrage manquoit en françois quand celui de M. Geoffroi parut ; il fut généralement applaudi & approuvé par tous les naturalistes françois & étrangers ; ils firent l’éloge de la méthode en général, de la clarté en particulier, & de la précision avec lesquelles l’auteur a décrit les différentes espèces ; mais on regretta que M. Geoffroi se fût borné aux seuls insectes qui se trouvent aux environs de Paris, & l’on eût désiré pouvoir étudier & classer les insectes de tous les pays, d’après une méthode dont il auroit été l’auteur.

Ce savant est le premier qui, dans la description des insectes, ait employé la grandeur individuelle comme caractère de l’espèce. Il note à chaque description la longueur & la largeur de l’individu mesuré à l’origine des aîles pour la largeur ; il omet assez fréquemment cette seconde dimention, mais il indique toujours la première. Cette méthode rend la description plus précise & l’étude plus facile. Il est étonnant que personne, avant M. Geoffroy, n’eût senti, par rapport aux insectes, que la première indication à donner pour les faire connoître, ainsi qu’on l’avoit observé pour les autres animaux, est d’indiquer s’ils sont grands ou petits. Il résulte de l’omission de cette indication dans les autres ouvrages, une difficulté qui est tout d’un coup levée dans l’ouvrage de M. Geoffroy ; c’est que si l’individu qu’on cherche à connoître diffère sensiblement des