Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/17

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pendant une attention qu’on ne peut trop leur recommander, est de ne faire mention que des faits dont ils ont été témoins ; si ces faits sont extraordinaires, de ne les rapporter qu’autant qu’ils sont sûrs de les avoir bien observés, & de citer, pour en convaincre, la manière dont ils les ont découverts.

Quant aux faits que les voyageurs rapporteroient sur le récit qui leur seroit fait, ces faits sont bien rarement dignes d’être crus ; ils ne le sont qu’autant qu’ils sont présentés par des personnes dont la véracité & les talens pour l’observation sont connus. Cependant les faits constatés par la notoriété publique, annoncés par tous les habitans d’un canton, méritent d’être rapportés, quoique le voyageur n’en ait pas été témoin. Tels seroient les dégâts, les torts que certains insectes feroient habituellement tous les ans, en un certain tems, ou l’emploi bien constaté qu’on feroit d’une espèce, ou de ses productions, soit en économie, soit en médecine, soit dans les arts.

Après avoir présenté nos idées sur les observations dont le résultat & le concours doivent servir à l’histoire des insectes, nous nous occuperons de la manière de ramasser ces animaux dans leurs différens états, & d’en faire une collection.

On peut recueillir les œufs, les conserver en nature, ou nourrir dans le pays les larves qui en naissent, ou faire passer les œufs même dans des contrées très-éloignées.

Si on recueille les œufs à dessein de les conserver comme œufs, il est convenable de les enlever, adhérens à la matière sur laquelle ils ont été déposés, ou contenus dans la substance qui les renferme, enfin d’en prendre l’amas complet, en le dérangeant le moins qu’il est possible. Le mieux est ensuite de jetter les œufs, la matière à laquelle ils sont attachés, ou dans laquelle ils sont contenus, dans une liqueur spiritueuse ; ou bien on peut faire périr le germe & dessécher les œufs & leur soutien, soit par l’ardeur du soleil, soit par la chaleur d’un four. Swammerdam décrit une manière de vuider les œufs des insectes pour les conserver ; mais c’est un soin qui exige un tems & une patience au-delà de ce que la plupart des observateurs voudroient y employer.

Si on ramasse les œufs à dessein de les laisser éclorre dans le pays, & de nourrir les larves qui naîtront, il faut les enlever encore plus scrupuleusemet que dans le cas précédent, avec des portions de la substance sur laquelle, ou parmi laquelle on les a trouvés ; les placer ensuite avec cette substance dans une boîte, en ayant égard aux circonstances où l’on a rencontré les œufs, & à leur nature. Je m’explique : si on les a pris parmi des substances en fermentation, & se pourrissant, animales ou végétales, dans un lieu frais, ombragé & humide, il faut enfermer dans la boîte, avec les œufs, un amas de la même substance sur laquelle on les a pris, placer la boîte dans un endroit qui réponde aux circonstances du lieu où la ponte avoit été faite.

L’exemple que nous venons de rapporter suffira pour faire connoître qu’il faut éloigner le moins possible les œufs qu’on enlève, & qu’on observe des circonstances où ils se seroient trouvés naturellement. Ainsi, si on coupe une branche sur laquelle un amas d’œufs soit déposé, comme cette branche auroit conservé sa végétation, pour qu’elle la perde le plus tard qu’il se pourra, il faut mettre l’extrémité de cette branche tremper dans l’eau, &c.

J’ai dit qu’on peut envoyer des œufs d’un pays dans une autre contrée très-éloignée. C’est ce dont j’ai vu un exemple à Amsterdam, chez M. Jacob l’Admiral, qui a travaillé sur les insectes, comme on le verra dans le discours suivant. On lui avoit envoyé de la Chine des œufs de la Phalène à miroirs ; on lui en avoit envoyé de Surinam de différentes Phalènes ; ces œufs étoient éclos à Amsterdam, M. l’Admiral avoit nourri les larves, & il étoit né à Amsterdam les mêmes Papillons qu’à la Chine & à