Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/185

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ne l’est peut-être pas assez parmi nous, & dont on ne semble avoir senti le mérite en France que depuis peu d’années. Cependant quoique la méthode de M. Linné l’ait occupé dans tous les tems de sa vie, qu’il l’ait rectifiée, étendue suivant qu’il y étoit engagé par la connoissance de nouveaux insectes, que son intention fût que tout ce qui en existe pût être rangé d’après sa méthode, & enfin qu’il eut pour ce genre de travail une sagacité peu ordinaire, sa méthode n’a pas encore l’étendue qu’il desiroit lui donner ; les recherches très-multipliées aujourd’hui, les voyages fréquens font connoître des insectes qu’il est impossible de ranger & de comprendre dans la méthode de M. Linné, qui nécessitent à y faire des additions ; mais elles peuvent être déduites des mêmes principes, & l’idée de la méthode n’en est pas moins bonne parce qu’elle manque d’une étendue que l’observation & les tems seuls lui peuvent procurer.

Si l’on compare la méthode de M. Linné à celles des auteurs qui l’ont précédé, elle est infiniment préférable par les raisons que j’ai rapportées ; si on la compare à celles des auteurs qui ont écrit depuis, elle est ou plus étendue ou plus facile. La méthode lumineuse de M. Geoffroi, adaptée à son objet, la description des insectes des environs de Paris, est trop limitée pour être applicable aux insectes étrangers en général. Celle de M. Fabricius, plus étendue que celle de M. Linné, a pour base des caractères très-peu apparens, fort difficiles à saisir, qui exigent la plus grande attention de ceux qui sont fort exercés & un travail très-pénible, souvent infructueux de ceux qui ne le sont pas ; elle ne facilite donc pas l’étude, elle ne l’abrège pas autant que celle de M. Linné, & ces deux conditions sont les premières qu’une méthode doit remplir. C’est le but qu’il me semble qu’on pourroit atteindre en faisant seulement à la méthode de M. Linné des additions dans les principes de cette même méthode. On sentira, d’après ce que j’en viens de dire, le cas que j’en fais. Si je n’en donne pas le développement, c’est que M. Olivier, qui s’est chargé de l’ordre méthodique & de la partie descriptive, qui pense à peu près comme moi sur la méthode de M Linné, qui a composé principalement la sienne d’après cet auteur, en empruntant des vues de MM. Geoffroi & Fabricius, s’est réservé de faire connoître en détail la méthode de Linné. Voyez l’exposé du systême de M. Olivier, à la suite des discours généraux.

Mlle. MAIRIAN.

On doit à Mademoiselle Mairian deux traités sur les insectes ; l’un sur les insectes d’Europe, l’autre sur les insectes de Surinam : elle observoit, & elle a écrit il y a un peu plus d’un siècle ; après avoir commencé, comme elle nous l’apprend dans une préface qui est à la tête de son ouvrage sur les insectes de Surinam, par élever des Vers à soie en Hollande, sa patrie, elle s’occupa à nourrir des Chenilles, à suivre leur metamorphoses, à les dessiner & les peindre dans leurs différens états ; livrée toute entière à ce genre d’occupation, elle fut encouragée par les amateurs qui virent la suite de ses dessins, à les graver & à les publier avec les observations qui y étoient relatives ; Mademoiselle Mairian exécuta cette entreprise en deux parties, dont elle publia la première en 1679, & la seconde en 1683. Mais après ce premier essai, la beauté des insectes qu’elle voyoit apporter des pays étrangers, & le desir de les observer dans les lieux où ils prennent naissance la déterminèrent à s’embarquer pour Surinam, où elle continua de se livrer à son goût pour l’étude des insectes, & d’où elle rapporta en Europe une suite de dessins & d’observations qui lui ont fourni la matière du second traité sur les insectes.

On a, dans les bibliothèques, l’ouvrage de Mademoiselle Mairian sur les insectes d’Europe, sous trois formats ; in-4o., & grand in-folio, ornés de planches simplement gravées, ou de planches gravées & enlumi-